Un stadier ne s'improvise pas comme cela a été le cas, il y a quelques semaines, avec la proposition d'en former en trois jours ! Bien au contraire, il faudrait une formation spécialisée, dans des conditions pédagogiques totales et des stages pratiques de qualification. C'est pour cette raison importante et essentielle que la question de la formation est centrale Il y a une espèce de retour à la raison en matière de sécurisation des enceintes sportives intra et extra-muros avec notamment la proposition faite par les représentants de clubs de Ligue 1 en réunion à Alger. Il pourrait donc ne plus être question de désigner au petit bonheur la chance les stadiers, mais bien au contraire engager une réflexion sérieuse en ce sens comme le recours à des sociétés spécialisées en la matière. Paradoxalement les responsables de clubs ont fini par sortir de leur réserve et rappeler aux initiateurs, voire les concepteurs du projet de substitution des éléments d'une police hyper-rompue à la mission par la désignation de stadiers en puisant parmi les supporters ou du moins en laissant le soin aux associations les représentant de matérialiser la proposition. «Les stadiers chargés actuellement de la sécurité dans les stades sont des supporters à part entière et ne peuvent remplir leur tâche de manière impartiale», sont parvenus à admettre des membres de l'assistance présente à la réunion. Pour rebondir sur cette vérité vraie, il y a lieu de rappeler qu'un grand club européen avait tenté une expérience en ce sens pour «échouer à sécuriser le stade avec les stadiers mis en place dans les années 1990, en raison d'une politique de recrutement «des grands frères», à savoir de supporters issus des gradins et tribunes, qui n'avaient ni l'autorité, ni l'expérience, ni parfois l'envie de participer à la prévention des violences. S'il doit transmettre les valeurs du club, le stadier ne doit pas être un supporter, mais bien un professionnel qui travaille en étroite collaboration avec les services de police». Et c'est presque dans cette réflexion qu'a été suggérée par le président de l'USMH l'idée de la création de sociétés «gérées, par exemple, par des anciens officiers de la police et de l'armée nationale». Ce qui ne risque pas en fait de résoudre le problème, du moins sur le court terme, car un stadier ne s'improvise pas comme cela a été, il y a quelques semaines, avec celle (proposition) d'en former sur une période de trois jours (sic). Bien au contraire, il faudrait une formation spécialisée, dans des conditions pédagogiques totales et des stages pratiques de qualification. Et c'est pour cette raison éminemment cruciale que la question de la formation est centrale. Dans de nombreux pays d'Europe parlementaires des deux Chambres, le cas échéant, n'ont pas hésité à placer au cœur de leurs sessions ce dossier et pour certains pays, comme l'Angleterre antre historique du hooliganisme, sont parvenus à juguler ce fléau à telle enseigne qu'au jour d'aujourd'hui la quasi-totalité des clubs anglais ont recruté des stadiers qui, en assurant le contrôle des accès, l'accueil et la canalisation des supporters, en les encadrant physiquement, en rappelant les règles de bonne conduite et en informant à la fois les spectateurs et les services de sûreté, jouent un rôle d'intermédiaires précieux, ce qui permet à la police de n'intervenir que pour des incidents graves. Et dans les pays qui ont fait ce choix et où la formation d'un stadier incombe aux clubs, celui-ci (stadier) doit avoir obligatoirement subi une formation d'une centaine d'heures pour être opérationnel et surtout pris en charge totalement par ces mêmes clubs. Pour éviter ou sinon édulcorer au maximum des incidents qui, dans un autre contexte, pourraient être d'une grande gravité, les principaux acteurs concernés sont arrivés à cette conclusion : la nécessité d'assurer un bon accueil des supporters, et ce, quel que serait leur nombre, leur orientation et en veillant à anticiper sur tout dérapage. Il parait plus que clair qu'en Algérie ni les clubs, ni les supporters et donc encore moins ceux qui sont appelés à les encadrer ne sont prêts pour cette saison, voire pour la saison prochaine. Et les arguments pour cela sont nombreux à commencer par l'instabilité des clubs et donc de la pérennité de leur gestion, leurs assise financière, professionnelle et culturelle. A. L.