L'installation d'une Autorité de régulation de la presse (Arpe) écrite est «plus que capitale» pour garantir «la clarté» dans le secteur et gagner «plus en professionnalisme», ont estimé, hier, des experts, qui réagissaient au message du président Bouteflika à la famille de la presse. Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a souligné que cette institution sera installée dès que les «conditions logistiques et pratiques seront réunies». L'installation d'une Autorité de régulation de la presse (Arpe) écrite est «plus que capitale» pour garantir «la clarté» dans le secteur et gagner «plus en professionnalisme», ont estimé, hier, des experts, qui réagissaient au message du président Bouteflika à la famille de la presse. Le ministre de la Communication, Hamid Grine, a souligné que cette institution sera installée dès que les «conditions logistiques et pratiques seront réunies». Pour le professeur et spécialiste des médias, Belkacem Ahcene Djaballah, «il est temps» que les lois soient appliquées dans toute leur rigueur, étant donné que la loi relative à l'information de 2012 a été «discutée, votée et promulguée». «On ne peut pas laisser une loi inappliquée, car ça laisse des incompréhensions, des doutes et parfois de fausses interprétations», a soutenu, M. Djaballah, affirmant qu'il faut mettre cette autorité «rapidement» sur pied. Il a observé que l'Algérie avait assez de journalistes et de spécialistes «très compétents» pouvant composer cette instance, pour apporter tout leur savoir-faire et leur expertise, indiquant qu'il faut y aller «assez vite», sans pour autant verser dans «la précipitation». Pour sa part, le professeur en sciences de l'information et de la communication à l'université Alger III, Laid Zeghlami, a relevé que cette autorité était «plus que capitale» pour que les choses soient faites dans «la clarté, le professionnalisme et dans le respect de l'éthique et de la déontologie». Il a ajouté que cette autorité viendrait ainsi renforcer l'arsenal juridique déjà existant, car il est «impératif de réglementer» pour éviter «les dérives et les dérapages», qui nuisent à l'image de l'Algérie. Pour lui, le message du président Bouteflika est venu «à point nommé» pour rappeler à ceux qui «hésitaient et tergiversaient» sur l'opportunité de la mise en place de cette autorité. «Nous avons une presse de renommée mondiale, mais qui a besoin, après 26 ans de pluralisme, de gagner un peu plus en professionnalisme et en crédibilité», a-t-il souligné. De son côté, le spécialiste des médias et professeur en sciences de l'information et de la communication, Redouane Boudjmaa, a estimé que l'Arpe serait un «bon instrument de régulation» si les conditions «véritables» d'une régulation professionnelle sont réunies, à savoir une «très bonne organisation» de la corporation journalistique à travers les différentes salles de rédaction, pour que cette instance puisse construire les instruments d'autorégulation. Il a ajouté, qu'en plus de la régulation professionnelle, il est «essentiel» de réguler le marché, à travers l'instauration d'un système économique rationnel. «La publicité doit être une source importante de régulation, en obéissant aux lois du marché, pour faire la part entre les différents journaux», a-t-il soutenu. Il a expliqué, dans ce sillage, qu'un bon annonceur irait «automatiquement» vers les journaux à fort tirage et surtout «crédibles», déplorant que jusqu'à présent en Algérie, la publicité n'obéissait et ne répondait qu'à un «rapport de force et non aux lois du marché». Rappelons que dans un message à l'occasion de la célébration de la journée nationale de la presse, le 22 octobre dernier, le président Bouteflika a exhorté la corporation de la presse écrite et les autorités publiques concernées à œuvrer ensemble pour accélérer la mise en place de l'Arpe. La loi relative à l'information de 2012 a institué cette instance, jouissant de la personnalité morale et de l'autonomie financière, chargée, notamment, «d'encourager la pluralité de l'information» et de «veiller à la diffusion et à la distribution de l'information écrite à travers tout le territoire national». Elle est chargée, en outre, de veiller à «la transparence des règles économiques de fonctionnement des entreprises éditrices» et à «l'interdiction de la concentration des titres et organes sous l'influence financière, politique ou idéologique d'un même propriétaire». Elle a pour rôle également de veiller à la qualité des messages médiatiques ainsi qu'à la promotion et la mise en exergue de la culture nationale dans tous ses aspects et à l'encouragement et à la consolidation de la publication et de la diffusion dans les deux langues nationales par tous les moyens appropriés. Cet organe, tenu également de «fixer les règles et les conditions des aides accordées par l'Etat aux organes d'information et de veiller à leur répartition», est composé de 14 membres nommés par décret présidentiel pour un mandat de six ans non renouvelable. Sur les 14 membres devant composer l'Arpe, trois sont désignés par le chef de l'Etat, dont le président de l'autorité. De plus, deux membres non parlementaires sont proposés par le président de l'Assemblée populaire nationale (APN) et deux membres également non parlementaires sont proposés par le président du Conseil de la nation. Les 7 autres membres sont élus à la majorité absolue parmi les journalistes professionnels et doivent justifier d'au moins 15 ans d'expérience dans la profession. L'autorité de régulation peut être saisie par toute institution de l'Etat ou organe de presse, de demande d'avis relevant de sa compétence. Par ailleurs, il est interdit aux membres de l'Arpe, pendant la durée de leurs fonctions, de prendre une position publique sur les questions ayant fait ou étant susceptibles de faire l'objet d'actes, de décisions ou de recommandations de l'autorité de régulation ou de consultation sur les mêmes questions. A. B.