Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal est aujourd'hui à Riyad dans le cadre d'une visite officielle de deux jours en Arabie saoudite. Cette visite s'inscrit, selon un communiqué du Premier ministère, «dans le cadre de la consolidation des relations bilatérales algéro-saoudiennes et la concertation autour des questions d'intérêt commun, notamment la situation dans le monde arabe». A ce titre, le Premier ministre prendra part, entre autres, à un forum économique destiné «à encourager les opérateurs des deux pays à développer l'investissement productif et à multiplier les initiatives de partenariats susceptibles de renforcer davantage les relations d'affaires existantes», a souligné le communiqué. La visite du Premier ministre qui intervient, quelques mois seulement après celle de Tayeb Belaiz, ministre d'Etat, conseiller à la présidence de la République, qui avait remis un message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au roi d'Arabie saoudite, Salmane Ibn Abdelaziz, est fondamentale sur les plans politique et économique. En effet, le ballet des visites officielles échangé entre les deux pays, ces derniers temps, laisse supposer un réchauffement des relations entre l'Algérie et l'Arabie saoudite qui semblent déterminés à solder définitivement leurs différends, voir même une future médiation de l'Algérie afin d'apaiser les tensions dans la région. Et à ce propos, il faut rappeler que le différend entre les deux pays s'est corsé avec le refus d'Alger de faire partie de la coalition d'Etats arabes ayant intervenu militairement sous la baguette saoudienne pour bombarder le Yémen. Il y a aussi la position de non-ingérence et le rejet de la guerre comme solution aux conflits que prône Alger concernant les conflits syrien et irakien. Une position à l'opposée de celle de l'Arabie saoudite. En guise de réaction, l'Arabie saoudite a décidé de soutenir le Maroc dans le conflit qui l'oppose au peuple sahraoui. Mais ces derniers mois, les choses semblent évoluer dans le bon sens en témoignent les derniers échanges diplomatiques algéro-saoudiens. Il semblerait que Riyad prend conscience des multiples bouleversements qui se sont opérés dans la région et dans le monde. En effet, l'Arabie saoudite qui a vu sa force de frappe financière amoindrie en raison de la chute des prix du pétrole n'arrive plus à faire face à la coûteuse guerre qu'elle mène au Yémen. Déficitaire, le royaume a d'ailleurs commencé à s'endetter. A cela vient s'ajouter, l'élection du nouveau président américain, Donald Trump. Candidat, le nouveau locataire de la Maison-Blanche avait annoncé la couleur : la politique américaine va changer dans la région du Golf. Si Trump maintient cette décision, l'Arabie saoudite se verra perdre son principal allié, les Etats-Unis. Elle devra s'accommoder avec les nouvelles donnes géostratégiques à savoir un renouement des liens entre l'Amérique et la Russie et l'absence de soutien américain à l'éviction de Bachar Al Assad de la Syrie. C'est sûrement ces derniers changements qui ont décidé Riyad à repenser sa relation avec l'Algérie. Mais, il y a aussi la question économique où l'Algérie tente d'unifier les points de vue afin de rehausser le prix du pétrole. Lors de la dernière réunion de l'Opep à Alger, l'Algérie a réussi à rapprocher les points de vue de l'Arabie saoudite avec son rival l'Iran sur le dossier du pétrole. Cette réunion s'était d'ailleurs soldée par un accord important pour une réduction de la production pétrolière de 33 millions de barils/jour en vue d'influer sur une remontée des cours du pétrole. L'Arabie saoudite avait fortement soutenu cet accord et vient d'ailleurs de renouveler son appui, à Alger même, il y a deux jours, par la voix de son ministre de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources minières, Khaled Abdelaziz Al Faleh. La conjoncture économique difficile a donc fortement participé dans le dégel des relations entre l'Algérie et l'Arabie saoudite. Ce dégel va permettre, dès aujourd'hui à l'Algérie et à partir de Riyad où se trouve le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, de jouer un rôle diplomatique important. Car, il ne faut pas oublier que le Premier ministre a bien déclaré à la veille de son déplacement en Arabie saoudite que «l'Algérie est un pays exportateur de paix et de stabilité». H. Y.