Abdelmalek Sellal se rendra demain en Arabie Saoudite. La visite du Premier ministre algérien intervient après une brouille entre les deux pays qui aura duré de longs mois et vise à réchauffer des relations vacillantes du fait du positionnement et de l'implication saoudienne dans les conflits dans certains pays arabes. Alger avait fermement tenu au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des pays, malgré les pressions saoudiennes qui tentaient de rallier les Etats membres de la Ligue arabe à ses projets hégémoniques dans la région. Dans un message adressé au roi d'Arabie Saoudite, le président Bouteflika avait souligné, en avril dernier, l'attachement de l'Algérie au principe de non-ingérence et le rejet de la guerre comme solution aux conflits. Une position fortement soulignée dans le refus de faire partie de la coalition d'Etats arabes ayant intervenu militairement sous la baguette saoudienne pour bombarder le Yémen. Un refus qui s'ajoutait aux réserves algériennes de déclarer le Hezbollah libanais comme organisation terroriste. De même que dans les conflits syrien et irakien, Alger a refusé de s'aligner sur les positions de l'axe Qatar-Arabie Saoudite et a ouvertement dénoncé les interventions étrangères dans des Etats membres de la Ligue arabe. Le courroux saoudien ne tarda pas à se manifester, notamment à travers la décision de la pétromonarchie d'investir dans les territoires occupés du Sahara occidental. Le froid qui s'est installé dans les relations bilatérales a toutefois cédé à un retour de chaleur en septembre dernier, à la faveur de la réunion des pays membres de l'OPEP. Cette réunion s'était d'ailleurs soldée par un accord important pour une réduction de la production pétrolière de 33 millions de barils/jour en vue d'influer sur une remontée des cours du pétrole. A la surprise générale, l'Arabie Saoudite avait fortement soutenu cet accord et vient d'ailleurs de renouveler son appui, à Alger même, hier, par la voix de son ministre de l'Energie, de l'Industrie et des Ressources minières, Khaled Abdelaziz Al Faleh. Le dégel dans les relations bilatérales porte donc une signature économique que la conjoncture actuelle impose. Les deux pays sont fortement touchés par les conséquences de la baisse des cours du pétrole. La crise financière étant bien installée, le «conflit» politique entre les deux Etats est mis au placard. L'accueil qui sera réservé à Abdelmalek Sellal et les propos qui seront tenus par ses interlocuteurs saoudiens, lors de cette visite, donneront le ton de ce que sera l'avenir des relations bilatérales. A noter que M. Sellal prévoit aussi un voyage en Iran. Riyad semble bien tenté de tempérer ses ardeurs après les bouleversements géopolitiques intervenus dans la région. Gonflée par le soutien américain depuis le déclenchement, en 2011, des Printemps arabes, l'Arabie Saoudite a mené campagnes et guerres pour s'imposer dans la région et gêner les intérêts iraniens. Aujourd'hui, les données ont changé et le royaume wahhabite perd jour après jour le soutien de ses alliés. Le réchauffement des liens avec Alger peut, au-delà de l'aspect économique, avoir pour conclusion une volonté de Riyad de revoir sa politique étrangère et de calmer le sentiment vengeur qui pourrait souffler de Syrie, de Russie ou d'Iran. Alger peut, dans cette optique, paraître comme un bon médiateur aux yeux du royaume.