La chute brutale des prix du pétrole a poussé le gouvernement à prendre des décisions fermes pour faire face à la crise économique. Le gel du recrutement dans la Fonction publique, la rationalisation des dépenses, le gel des projets non prioritaires ainsi que la limitation de création d'entreprises et établissements à caractère administratif figurent parmi les mesures d'urgence prises par les pouvoirs publics en vue d'amortir les effets de la crise induite par la chute brutale des prix du pétrole. Il faut dire que ces mesures ne passent pas inaperçues et sans effet sur les citoyens, d'autant plus que le projet de loi de Finance 2017 (PLF-2017) prévoit des augmentations des taxes et de nouvelles taxes, des hausses fiscales et un budget d'austérité pour parer à la baisse des recettes et renflouer les caisses de l'Etat. On peut citer entre autre la hausse de la TVA et la mise en place de nouvelles taxes sur la consommation du tabac, l'électricité, gaz, des carburants et des produits énergivores. Ces mesures d'austérité ont créé un véritable climat d'inquiétude et de frustration chez les citoyens notamment les familles à faible revenu. Pour en savoir plus sur les répercussions de l'austérité sur les budgets des familles, nous avons interrogé des citoyens rencontrés au hasard de notre tournée dans les rues de la capitale. «A mon sens, l'austérité aura des répercussions désastreuses sur les citoyens en particulier la couche moyenne. Le projet de loi de Finances 2017 prévoit des augmentations des taxes de l'électricité et du gaz, donc il est tout à fait normal que le pouvoir d'achat des citoyens connaîtra une détérioration terrible», nous dira un père de famille. Amel, mère de deux enfants renchérit : «Avec toutes les augmentations prévues dans ce projet de loi des Finances 2017, le seul perdant dans tout ça, sera le citoyen. Au lieu de trouver des solutions idoines pour affronter la crise économique, les pouvoirs publics ont opté pour l'introduction de nouvelles taxes et ont décidé de geler le recrutement dans la Fonction publique, cela contribuera sans doute à la détérioration de la situation social en Algérie.» La quasi-totalité des citoyens rencontrés diront la même chose, à quelques nuances près, à propos de la stratégie adoptée par le gouvernement qui se traduit par l'austérité. Certains critiqueront la vision des pouvoirs publics pour la sortie de la crise, qu'ils qualifieront d'«étroite». Le Premier ministre, Abdelamelk Sellal, reconnaît lui-même, que la situation est sensible et nécessite l'intensification des efforts de tout un chacun pour diminuer au maximum les effets de la crise économique. Il a affirmé à plusieurs reprises que la meilleure solution pour sortir de la crise, est de diversifier notre économie et de trouver d'autres ressources de financement au lieu de s'appuyer et de compter uniquement sur les subventions de l'Etat. Dans ce sens, des instructions ont été adressées aux chefs de projets afin de réfléchir sur la possibilité de moderniser l'investissement et de créer d'autres sources de richesses et ce, dans les différents domaines d'activité. M. Sellal a plaidé lors de la rencontre gouvernement-walis tenue samedi et dimanche dernier à Alger, pour la préservation de la souveraineté de la décision économique nationale dans le contexte de difficultés financières que vit le pays du fait du recul des prix du pétrole. «La conjoncture que traverse le pays (sur le plan financier) nous dicte de préserver la souveraineté de notre décision économique car notre décision politique en est tributaire», dira-t-il. Ces propos prouvent en toute transparence que les décisions qui ont été prises en vue de d'amortir les effets de la crise ne vont pas changer. Il dira aussi que le gouvernement ne saurait tolérer un niveau d'endettement «élevé car cela risque de compromettre l'avenir des générations futures», affirmant qu'il nous incombe de penser à leur avenir. A ce titre, il y a lieu de développer les ressources d'hydrocarbures et d'appuyer les explorations, qu'il s'agisse des ressources classiques ou du gaz de schiste, recommande le Premier ministre. Enfin, en attendant que les choses s'améliorent, la réalité demeure la même, l'austérité a bel et bien gagné du terrain, et le citoyen se trouve obligé d'assumer ses effets néfastes. Les citoyens ne cessent de critiquer la mauvaise gestion des pouvoirs publics qui n'ont pas pu trouver une sortie favorable de la crise sans toucher à leurs pouvoirs d'achat. F. O.