Il fallait s'y attendre. Le Maroc et neuf pays arabes dont l'Arabie saoudite, le Qatar et les Emirats arabes unis se sont retirés du 4e Sommet afro-arabe à Malabo. Sans surprise, le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération marocain a justifié cette décision par la présence d'une délégation de la Rasd. Retrait dû à l'insistance de l'Union africaine (UA) sur la participation au sommet de la délégation sahraouie. Malgré les nombreux soutiens arabes et africains du Maroc, l'UA a refusé également d'enlever le drapeau sahraoui et surtout de supprimer, dans la déclaration finale, les passages relatifs au nécessaire référendum libre au Sahara occidental, sous l'égide de l'ONU. Echec et mat ! La diplomatie marocaine a bien voulu jouer sur le fait que la Rasd ne soit pas membre de la Ligue arabe et n'est pas reconnue par de nombreux pays africains. Mais elle feint d'oublier que la Rasd est un des pays fondateurs de l'UA dont il est membre à part entière selon son «Acte constitutif». Et elle doit faire semblant d'oublier également que le Sommet afro-arabe est «l'organe politique suprême du partenariat afro-arabe», et non une organisation politique multilatérale et souveraine. Ceci dit, la Rasd fut présente aux deux derniers Sommets afro-arabes en Libye et au Koweït, au titre de membre de plein droit de l'UA qui co-préside ces Sommets dont le premier eut lieu au Caire en 1977. En se retirant des travaux du 4e Sommet en Guinée équatoriale, la diplomatie chérifienne fait du bruit pour rien. C'est même un coup dur pour elle sachant que le Maroc a déjà fait une demande d'adhésion à l'UA, formulée comme si elle devait être une réintégration alors même que le Maroc n'en a jamais été membre et qu'il fut plutôt un adhérent de la défunte OUA. Difficile donc pour le royaume de participer aux réunions de l'UA qui compte la Rasd parmi ses membres de plein droit. Tout en sollicitant son maroquin de membre de l'UA, le Maroc exige que la Rasd en soit expulsée. Ce qui est impossible en l'état actuel de ses statuts. Pour que le Maroc soit accepté un jour, il faudrait alors expulser la Rasd, ce qui exigerait de modifier les statuts de l'UA et son «Acte Constitutif», chose impossible à réaliser car les décisions doivent être consensuelles. Ne lui resterait alors qu'une seule option : adhérer à l'UA tout en acceptant l'idée d'y siéger en présence de la Rasd ! Ce qui équivaudrait alors à une reconnaissance de facto de la Rasd ! Et c'est cette idée même qui est insupportable pour la diplomatie marocaine. Un cercle vicieux empoisonnant ! La tentative marocaine de rejoindre l'UA est donc une manœuvre pour diviser les pays africains. Et l'adhésion du Maroc est loin d'être une simple addition de voix, mêmes majoritaires, en faveur de Rabat. Il ne suffirait pas d'obtenir à ce sujet l'accord de 28 pays «amis» ou même plus pour régler la question. Et la question, c'est-à-dire le problème inextricable, se pose depuis 1984, date à laquelle le Maroc de Hassan II avait quitté l'OUA, avec pertes et fracas. Et depuis ce retrait, rien n'a changé pour la diplomatie marocaine et rien non plus au Sahara occidental où le statu quo délétère perdure. Le Sahara occidental est toujours occupé par le Maroc et l'ONU considère qu'il relève toujours d'un problème de décolonisation à régler par référendum libre sous sa tutelle. La solution est simple et claire, mais la diplomatie marocaine poursuit inexorablement sa fuite en avant vertigineuse. N. K.