Les inconstances de la Turquie sur le terrain syrien tendent à devenir fréquentes. Dans ce qui ressemble à un recadrage, Moscou a demandé au Président turc des explications sur ses propos contre le président Assad. Ankara a vite fait d'expliquer qu'il ne fallait pas prendre les mots du président Erdogan au pied de la lettre Après l'épisode de l'avion militaire russe abattu par l'aviation turque en novembre 2015, les relations entre Ankara et Moscou ont de nouveau chauffé. Le président Recep Tayyip Erdogan a, lors d'une réunion à Istanbul, mardi, affirmé que l'opération dans laquelle l'armée turque était engagée en Syrie n'avait pour seul objectif que «mettre fin au règne du tyran Assad (…) et rien d'autre.» Une déclaration qui a surpris puis outré du côté de Moscou et même de Téhéran. Engagée depuis le mois d'août dans une opération sur le sol syrien, l'armée turque s'est donnée pour but officiellement de combattre les groupes armés extrémistes. Même si l'objectif tacite était surtout d'empêcher les Kurdes d'établir une continuité territoriale le long de la frontière. Cette intervention considérée comme une invasion par Damas était en soi inacceptable pour les Syriens que les déclarations agressives d'Erdogan auraient pu être la goutte qui fera déborder le vase. Cette sortie a aussitôt provoqué une réaction ferme de Damas. Ces déclarations «montrent clairement que la flagrante agression turque contre le territoire syrien n'est que le résultat des ambitions et des illusions du despote extrémiste (…) qui a transformé la Turquie en une base pour les groupes terroristes issus de la même idéologie et qui œuvrent pour déstabiliser la Syrie et l'Irak», a déclaré le ministère syrien des Affaires étrangères. Le ministère syrien a même appelé «à mettre fin aux agissements d'Erdogan et à ses ingérences dans les affaires de la région». Le Kremlin a promptement demandé une explication au Président turc tout en lui rappelant une réalité de terrain. Le porte-parole de Poutine, Dimitri Peskov, a tenu à préciser qu'il s'exprimait au nom d'un «Etat dont les forces armées sont les seules à se trouver légitimement sur le territoire de la République arabe syrienne à la demande des autorités légitimes. Il est très important d'avoir cela en vue». Téhéran a, de son côté, fustigé cette déclaration d'Erdogan. Ces pressions des alliés de Damas n'ont pas tardé à porter. Deux jours plus tard le Président turc est revenu sur ses propos. Recep Tayyip Erdogan a déclaré que la cible visée par l'armée turque «n'était pas une personne ni un Etat, mais le terrorisme». Ces déclarations contradictoires à intervalles réguliers semblent devenir fréquentes chez le Président turc causant de l'embarras chez son staff. Les ambigüités d'Erdogan notamment sur la question syrienne pourraient être expliquées par les mises en difficultés de ses desseins sur le terrain syrien. La Turquie avait misé sur la chute du régime syrien. Plus de cinq ans après ce dernier est toujours là et l'armée syrienne semble en cours de récupérer de large pan de son territoire. Pour Erdogan cela semble de mauvais augure pour le futur. M. B./Agences