L'adoption, vendredi dernier, par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) de la résolution 2334 réclamant l'arrêt de la colonisation israélienne n'aura pas laissé indifférent. Elément nouveau, c'est la première fois depuis 1979 que l'allié indéfectible d'Israël, les Etats-Unis, n'a pas mis son véto à une résolution du Conseil de sécurité condamnant la colonisation illégale des terres palestiniennes par l'Etat hébreu. Le texte adopté vendredi exhorte Israël à «cesser immédiatement et complètement toute activité de colonisation en territoire palestinien occupé». L'ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU a justifié la position de Washington par un souci de cohérence. «On ne peut pas à la fois se faire le défenseur d'un accroissement des colonies israéliennes et d'une solution à deux Etats qui soit viable pour mettre fin au conflit», a-t-elle affirmé. Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a estimé que cette résolution était bien «un grand camouflet» pour Israël et «une condamnation internationale unanime de la colonisation». Se considérant au dessus du droit international, Israël a averti qu'il «rejetait cette résolution des Nations unies et ne s'y conformerait pas». Israël a même entamé des représailles contre les Etats à l'origine de la proposition en rappelant ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au Sénégal, les deux pays, avec la Malaisie et le Venezuela, qui ont déposé le texte après que l'Egypte qui l'avait proposé dans un premier temps ait fait volte-face sous la pression de l'Etat hébreu et du président américain élu, Donald Trump. La Malaisie et le Venezuela n'entretiennent pas de relations diplomatiques avec Israël. Netanyahou a annoncé quelques heures seulement après le vote de la résolution, l'annulation de la visite du ministre sénégalais des Affaires étrangères, prévue en janvier, ordonnant l'annulation de tous «les programmes d'aide» au Sénégal. Une attitude digne des Etats voyous face à des Etats membres qui n'ont fait qu'appliquer le droit international. Le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a salué l'adoption de la résolution, y voyant la preuve qu'une solution à «deux Etats est toujours réalisable». L'adoption d'une résolution onusienne condamnant des implantations illégales au regard du droit international devrait en principe être coercitive. Mais l'Etat hébreu a toujours jouis de l'impunité dans le droit international. Israël foule toujours aux pieds des dizaines de résolutions de l'ONU. L'abstention pour le moins surprenante des Américains qui sonne comme une mise en garde, pourrait être, selon certains observateurs, le fait du président sortant Barack Obama se trouvant libéré des pressions des lobbies pro-israéliens aux Etats-Unis. M. B./Agences