Les matchs comptant pour l'édition gabonaise de la Coupe d'Afrique des nations qui s'est ouverte hier à Libreville ne seront pas diffusés par la chaîne publique algérienne. Y compris les rencontres dans lesquelles est engagée l'équipe nationale algérienne. Le groupe qatari beIN Sport media, détenteur des droits TV, a exigé une somme exorbitante pour que l'Entv puisse retransmettre les matchs de la CAN-2017. L'Entv ne diffusera donc pas le déroulement de la CAN-2017 et des millions d'Algériens, incapables de s'offrir un abonnement sur beIN Sport, seront privés des matchs de Coupe d'Afrique en général et de ceux de l'équipe nationale en particulier. Il ne s'agit pas ici de condamner l'attitude du groupe qatari qui mène des transactions commerciales. Même s'il exagère dans l'établissement des prix et même si sa position de monopole est condamnable. Il s'agit plutôt de rappeler la source de cette situation. La source de la corruption généralisée qui touche le football mondial en général et africain en particulier. Si les scandales qui ont ébranlé la Fifa et qui ont coûté leurs places aux pontes de cette organisation planétaire, sont connus, la justice en Europe étant plus ou moins indépendante, ce n'est pas le cas sur le continent noir où la Confédération africain de football a démocratisé la corruption, comme extension à celle existant déjà dans les sphères politiques et judiciaires. La CAF dirigée depuis des lustres par l'inamovible Issa Hayatou est la source de cette situation. C'est cette institution qui prive les Algériens de la retransmission des matchs de la CAN-2017 pour la simple raison que ce sont ses dirigeants qui ont «octroyé» les droits TV à une boîte européenne douteuse, SportFive du groupe Lagardère, et ce, de la manière la plus opaque. Cette opacité est un peu logique dans la mesure où SportFive est boudé partout en Europe et la CAF s'est permise le luxe de lui vendre les droits TV de toutes les compétitions africaines jusqu'en… 2028. Le comble de l'arnaque. Pire encore, les pays de l'Afrique du nord sont les plus lésés dans cette arnaque. Pour la retransmission des matchs dans ces pays, SportFive a vendu les droits aux Qataris de beIN Sport media qui vont en faire ce que bon leur semble. En effet, SportFive n'a pas de chaîne de télévision pour diffuser les matchs de la CAN-2017. Donc ses dirigeants sont disposés à négocier les prix de ces droits TV. Et c'est ce qu'ils font puisque le patron de l'Union africaine de radiodiffusion, désigné pour négocier au nom de plusieurs télévisions publiques, a annoncé la baisse des droits de diffusion d'au moins 30%. Pour beIN Sport, c'est une autre philosophie. Les pays du Moyen-Orient et d'Afrique du nord n'ont pas vraiment un grand choix. Soit ils achètent les droits TV au prix fort, soit les habitants de ces pays achètent des abonnements à leur bouquet satellite. Et pour cela, les Qataris ne sont pas prêts à faire de gros efforts dans les négociations, d'où la décision de la télévision algérienne, et probablement tunisienne, de ne pas retransmettre les matchs de la CAN-2017 pour ne pas se soumettre au diktat du groupe qatari. Et si la CAF et son président sont responsables de cette situation, il est, pour le moins, étrange que le président de la FAF ait de bonnes relations avec l'équipe dirigeante de cette organisation qui tend à se transformer en un groupe mafieux. Les Algériens n'ont jamais entendu Mohamed Raouraoua critiquer Issa Hayatou, y compris dans des termes diplomatiques. Il s'est même permis le luxe de le soutenir pour un nouveau mandat pour on ne sait quelle raison. Et cela, les Algériens ne le comprennent pas. Ils pensent plutôt qu'il est temps que les fédérations de football des pays africains s'unissent pour dégager Hayatou et consorts de la tête de la CAF en vue d'une profonde réforme de l'organisation. Une réforme qui devrait remettre la CAF à ses missions originelles dont la promotion et la moralisation du football en particulier et du sport en général. M. B.