Le vingt-huitième Sommet des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA) s'ouvre aujourd'hui à Addis-Abeba avec un ordre du jour particulièrement chargé. Les membres de l'UA, qui ont placé leur session ordinaire sous le thème «Exploiter le dividende démographique grâce à l'investissement dans la jeunesse», auront à faire le point sur les grands défis qui se posent en urgence au continent africain. En dépit des avancées réalisées depuis la création de l'Union au début des années 2000, en imitant un peu le modèle solidaire européen, les attentes et les espoirs des peuples africains sont toujours énormes en matière d'essor économique, d'émancipation sociale et d'intégration africaine. En plus de ce dossier lourd, les leaders africains plancheront aussi sur le renouvellement des instances de l'UA. Ils auront notamment à désigner un nouveau président à la Commission permanente de l'Union, en remplacement de la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma dont le mandat a expiré au mois de juillet 2016. En effet, une première élection infructueuse a déjà eu lieu lors du 27e Sommet de l'UA à Kigali où aucun des trois candidats à sa succession n'a obtenu les deux tiers des votes nécessaires. Son mandat a été finalement prolongé de six mois et les tractations vont, depuis, bon train en quête d'une personnalité consensuelle. L'installation de la nouvelle présidence sera aussi accompagnée par le renouvellement des responsables des autres commissions statutaires de l'Union. Une activité organique intense marquera, donc, ce vingt-huitième Sommet qui aura, en parallèle, à se prononcer sur plusieurs questions d'actualité comme le dossier d'adhésion du Maroc à l'UA et les développements récents sur la scène africaine, à l'instar de la situation en Gambie. Le nouveau président élu de cet Etat d'Afrique de l'Ouest, Adama Barrow, est attendu à l'occasion pour s'exprimer sur la crise postélectorale qu'a connue son pays, suite au refus de son prédécesseur, Yahya Djammeh, de lui céder le pouvoir. Un conflit naissant qui, selon le HCR, a déjà causé la fuite de 45 000 personnes vers le Sénégal voisin par crainte de violences politiques. La préoccupante situation dans d'autres zones d'instabilité comme la RDC, la Libye et de nombreux autres pays ciblés par la violence terroriste sera certainement abordée en marge de la réunion. L'UA offre toujours ses bons offices pour le dialogue et la concertation afin de régler pacifiquement ce type de différents, mais sans pour autant exclure totalement l'intervention directe pour rétablir l'ordre constitutionnel dans les pays concernés ou la mise en place de forces d'interposition pour la restauration de la paix. Dans le cas de la Gambie, pas moins de 15 pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats de d'Afrique de l'Ouest) ont mobilisés des troupes qui étaient prêtes à investir Banjul, la capitale, pour chasser le Président sortant. En dépit des couacs et autres difficultés conjoncturelles dus essentiellement à des interférences de grandes puissances étrangères, l'UA s'emploie, d'année en année, à asseoir son autorité morale et à soigner sa crédibilité en faveur de l'émancipation socio-économique du continent. Faute de sociétés civiles dynamiques et conscientes des défis de l'heure, les pays africains restent malheureusement vulnérables aux manipulations extérieures. Le pari sur la jeunesse s'impose, désormais, en priorité pour la création de cette nouvelle Afrique, travailleuse et consciente des enjeux du monde mouvant qui l'entoure. L'Afrique, avec ses énormes richesses minières et sa démographie, polarise les intérêts des puissances économiques mondiales. La profusion de la matière première et de la main-d'œuvre font du continent africain un eldorado tant convoité par les multinationales. La Chine, les Etats-Unis et l'Europe se livrent déjà une rude concurrence pour bénéficier des bonnes perspectives économiques africaines. D'autres pays comme le Brésil, l'Inde, la Turquie ou le Japon se bousculent au portillon. Il appartient aux membres de l'UA de mettre en place les stratégies économiques adéquates pour bénéficier au mieux de cet élan. L'Afrique ne quémande plus des aides dérisoires. Elle propose un partenariat concret et mutuellement bénéfique. Elle fait aussi des progrès constants en matière de gouvernance, de management et de démocratie. Les leaders africains n'ont pas le droit de rater ce tournant décisif pour l'émancipation de leurs peuples et le développement de leur pays. Là est le principal objectif de l'UA. K. A.