Les électeurs turcs seront appelés à se prononcer par référendum le 16 avril sur la modification de la Constitution visant à remplacer le système parlementaire actuel par un régime présidentiel fort souhaité par le président Recep Tayyip Erdogan, a annoncé le Haut conseil des élections (YSK). Les électeurs turcs seront appelés à se prononcer par référendum le 16 avril sur la modification de la Constitution visant à remplacer le système parlementaire actuel par un régime présidentiel fort souhaité par le président Recep Tayyip Erdogan, a annoncé le Haut conseil des élections (YSK). Le projet, s'il est adopté, marquera l'une des évolutions les plus marquantes des institutions turques depuis la fondation de la République sur les cendres de l'Empire ottoman il y a près d'un siècle. Le texte prévoit entre autres d'autoriser le président de la République à prendre des décrets, déclarer l'état d'urgence, nommer les ministres et les plus hauts responsables de l'Etat et dissoudre le Parlement, toutes compétences. Il permettrait en outre à Recep Tayyip Erdogan de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2029. Les partisans de la réforme y voient un gage de stabilité dans une période de fortes turbulences, la sécurité du pays étant menacée par la guerre en Syrie et en Irak ainsi que par les attentats répétés revendiqués par l'organisation Etat islamique (EI) et des organisations armées kurdes. Les deux principaux partis de l'opposition, eux, dénoncent une remise en question de l'équilibre des pouvoirs et craignent de voir le pays s'engager sur la voie d'un régime autoritaire, neuf mois après la tentative ratée de coup d'Etat du 15 juillet qui a conduit les autorités à révoquer des dizaines de milliers de policiers, soldats, enseignants, magistrats et autres fonctionnaires ainsi qu'à fermer des dizaines de médias. Pour Erdogan, rejeter la réforme reviendrait à renforcer les ennemis de la Turquie, notamment le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui combat Ankara depuis plus de 30 ans à partir de ses bases des monts Qandil, dans le nord de l'Irak. «Qui dit non ? Le PKK dit non. Qui dit non ? Les Qandil disent non. Qui dit non ? Ceux qui veulent diviser ce pays disent non. Ceux qui sont contre notre drapeau disent non», a déclaré le chef de l'Etat samedi devant des membres d'une organisation pro-gouvernementale réunis à Istanbul. Pour Erdogan, le régime présidentiel est nécessaire pour éviter de voir se succéder des gouvernements de coalition dont la durée de vie moyenne, a-t-il précisé, a été de 16 mois seulement sur les 93 dernières années. Comme la plupart de ses interventions publiques, son discours a été retransmis en direct par plusieurs chaînes de télévision alors que les responsables de l'opposition s'attendent à être exclus des grands médias d'ici au référendum. «Il est certain que ce ne sera pas un référendum loyal. Nous savons que les médias pro-Erdogan auront une politique de diffusion qui ignorera complètement l'opposition», a déclaré Kema Kilicdaroglu, chef de file du parti laïque CHP, lors d'une rencontre avec des journalistes à Ankara. Il a estimé que 90% des médias turcs étaient sous l'influence du gouvernement. Les partisans du mouvement nationaliste MHP, quatrième force du Parlement, sont divisés sur le projet de réforme des institutions. Son dirigeant historique Devlet Bahceli et bon nombre de ses députés soutiennent le texte mais Meral Aksener, un membre éminent du parti qui a tenté en vain d'en prendre la tête l'an dernier, s'y oppose. Reuters