Décédé dimanche dernier, hadj Mustapha Bouabdallah, ce chêne centenaire, était de la race des grands combattants. Ce moudjahid de la première heure, issu d'une grande famille de propriétaires terriens du Maroc, avait mis sa personne, sa famille et tous ses biens au service de la révolution algérienne. Dès la première heure. Pionnier parmi les Algériens du royaume chérifien, il sera l'un des piliers de la résistance algérienne au Maroc. Ses biens, notamment ses fermes dans la partie orientale du royaume chérifien, constitueront autant de bases arrière pour le FLN-ALN, particulièrement pour le futur MALG, le ministère de l'Armement et des Liaisons générales. Son soutien à la cause nationale, traduit notamment par le soutien logistique à la révolution au Maroc et l'approvisionnement de la lutte armée en Algérie, en fera un élément séditieux pour les autorités coloniales françaises. En conséquence, lui et sa famille seront expulsés manu militari du Maroc. L'une des fermes de la famille Bouabdallah, située sur les bords de la Moulouya, dans la région d'Oujda, abritera le siège de l'Ecole des cadres de la révolution. Cette école, créée sur l'initiative d'Abdelhafid Boussouf, père du renseignement algérien et génie de la lutte subversive, a été une véritable pépinière de talents qui constitueront la matrice des services d'écoute, de transmission et de renseignement de l'Algérie indépendante. Cette première «académie», qui formera des cadres politico-militaires, de la bonne graine de «passe-muraille», a formé des espions et des contre-espions révolutionnaires. Parmi eux, notamment, Abdallah Khalef, dit Kasdi Merbah, futur patron de la Sécurité militaire (SM). Il y a également Noureddine Yazid Zerhouni, actuel ministre de l'Intérieur à qui incomba la tâche d'organisation des différents services de la SM de l'Algérie indépendante. Aussi, l'actuel directeur général de la police, le colonel Ali Tounsi, alias Ghaouti. Et bien d'autres comme Mohamed Lemkami, Noureddine Delci, Mohamed Rouaï, dit Hadj Barigou, Mohamed Morsli. Sans compter les cadres et pionniers des transmissions nationales comme Omar Tellidji, Mourad Benachenhou et Ali Guerraz. Moudjahid devant l'Eternel, Hadj Mustapha Bouabdallah était aussi père de chouhada. Mohamed, surnommé Bouamama, en l'honneur du cheikh éponyme, héros de la résistance anticoloniale, et Abdelmadjid. Mohamed, martyr à 25 ans, acheminait armes et médicaments pour l'ALN. Remarqué en 1957 par Abdelhafid Boussouf, il intègre les structures du futur MALG comme contrôleur de zone. C'est à cette époque qu'il fera connaissance avec un certain Abdelaziz Bouteflika, alias Amine, et le futur commandant Abdelkader Mali. En 2004, l'ancien ministre des Affaires étrangères du président Houari Boumediene, devenu chef de l'Etat, décorera le moudjahid, père des deux chouhada et de Abdelwahid, P-DG d'Air Algérie, pour grands services rendus à la nation.