La flambée des prix à la consommation telle qu'enregistrée particulièrement ces deux derniers mois pousse à des questions légitimes. Qu'elle en est la ou les cause(s). La plus évidente car d'aucun ne serait le nier réside dans le fait que les circuits de distribution sont non seulement des plus désorganisés mais de plus subissent le diktat des intermédiaires. C'est d'autant plus vrai quand on apprend que les chambres froides, des enceintes créées en grade pompe par les pouvoirs publics pour rendre efficace le «fameux» système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac), sont devenues par la force des choses des espaces qui permettent à leur propriétaires ou locataires de spéculer. Ainsi les aides publiques au stockage privé ont perdu de leurs objectifs. Dès lors une question s'impose de savoir faut-il continuer à maintenir ledit dispositif d'aides ? Faut-il rappeler de prime abord que toutes ces dernières années ont été marquées, d'intempestives périodes de hausse des prix exorbitantes sur les étals des détaillants. Une règle si l'on peut la qualifier ainsi qui de surcroît rend la vie dure aux ménages car exposés à la cherté subite des produits frais végétales et animales. Chercher qui est derrière ces flambées pour le moins biannuel n'en est pas moins une mince affaire mais reste intéressante. Chez les détaillants, on invoque toujours la même et unique raison pour expliquer les hausses des prix qui interviennent plusieurs fois l'an. D'après eux l'offre sur certains produits frais est parfois insuffisante au niveau des marchés de gros et du coup les produits dont la demande dépasse grandement l'offre font l'objet de surenchère. Ce qui n'a rien d'extravagant du moment où il est admis que les prix sont régis par la loi «de l'offre et de la demande». En clair, ils fluctuent avec les changements dans les rapports de l'offre et de la demande, ils sont stables (ils constituent des «prix d'équilibre») quand les quantités offertes et demandées sont égales. Mais chez nous, c'est de la pure théorie à partir du moment où les acteurs du terrain tentent de créer une pénurie sur un produit à la veille de chaque période où la demande de consommation va être appelée à augmenter (Ramadhan, fêtes religieuses et période des mariages). Comme il faut reconnaître que si les auteurs de la pénurie sont toujours prêts à intervenir comme ils leur semblent c'est bien sûr par cette absence d'outil de régulation. En somme, l'absence de régulation ouvre la voie aux fluctuations conjoncturelles des prix à la consommation des produits frais. Et pourtant les pouvoirs publics ont mis en place depuis 2009 l'Office national interprofessionnel des légumes et viandes (Onilev) dont la mission principale est de mettre fin à ces récurrentes flambées des prix sur les étals des détaillants. Le mode opératoire de l'Onilev : contrecarrer les spéculations tarifaires par des moyens législatif, technique et économique tout en impliquant professionnels, producteurs et consommateurs. Aujourd'hui, il y a lieu de déduire suite aux flambées des prix qui se sont poursuivies que l'office en question a failli à sa mission. C'est d'autant plus déplorable dans la mesure où la volatilité des prix à la consommation de certains produits agricoles (légumes et viandes) est d'année en année de plus en plus excessive. Une situation qui m'est à mal tout à la fois : producteurs, acteurs des filières agricoles et les consommateurs. Comment y remédier ? Face à un commerce au détail qui continue de pratiquer des prix à la logique économique mystérieuse et où par ailleurs on continue de constater sur le terrain que la dérégulation sur le marché de la consommation est de mise, ce qui est mis à profit par les magouilleurs des prix à la consommation, les avis d'experts convergent vers l'idée que l'autorégulation est la solution idoine. Pour ce faire «il s'agira de mettre en place un mécanisme de fixation des prix», suggèrent-ils à l'unanimité. Comme ils s'accordent à dire que les opérateurs des filières agricoles (agriculteurs, négociants, industriels, etc.) ont la capacité de stabiliser un niveau de valorisation pour leurs productions indépendamment des transactions, ce qui peut se révéler d'autant plus utile dans un contexte où les variations journalières du prix des produits agricoles peuvent être supérieures à leur marge. Toujours dans ce même ordre d'idées des experts soutiennent pour qu'un marché à terme fonctionne, il doit avoir comme sous-jacent un marché physique suffisamment transparent et important en volume, «ce qui n'est pas le cas de nombreuses productions agricoles, du coup nous assistons ces derniers années à une inflation dont le taux demeure ascendant et que les prix sur les étals des détaillants des fruits et légumes ainsi que viandes rouges et blanche ne semblent obéir à aucun critère, hormis celui du bon vouloir des commerçants». Tout cela s'est traduit par une inflation galopante, selon l'Office national des statistiques (ONS). Cette tendance à la hausse inquiète plus d'un économiste du pays non sans dire que cela menace notre économie. Disons enfin que le gouvernement en place ou à venir va devoir s'atteler à mettre de l'ordre dans les circuits de distribution et cela dans le but de freiner le phénomène du stockage des produits de large consommation à outrance et au but bien connu celui de créer artificiellement la pénurie et par voie de conséquence accentuer l'inflation et encourager la spéculation. Z. A. Indice des prix à la consommation Selon Yacine Ould Moussa, économiste et consultant, le taux d'inflation algérien est calculé sur la base du panier de la ménagère c'est-à-dire que la méthode calcul repose sur l'indice des prix à la consommation (IPC). Lequel a connu une forte augmentation durant le 1er trimestre 2017. Mais la Banque d'Algérie s'est fixée un taux d'inflation en 2017 à 3,5%. Un objectif qui sera difficile d'atteindre à moins d'un effondrement des prix à la consommation. Ce qui relève du domaine de l'impossible. Cet expert indique en outre que l'origine de l'inflation algérienne est liée en principes à trois facteurs. Le premier est celui des importations, l'Algérie importe des quantités importantes de marchandises. De ce fait, elle subit le coût des prix à l'importation, qui sont indexés sur les prix des produits une fois sur le marché national. «C'est ce qu'on appelle l'inflation importée». Le second facteur est celui de l'augmentation de la demande interne, suite à l'augmentation des revenus. Le dernier facteur est inhérent aux circuits de distribution, qui sont désorganisés et subissent le diktat des intermédiaires qui n'hésitent pas à prendre des marges importantes lors des transactions. «Ces marchés fonctionnent dans l'informel notamment ceux des fruits et légumes», précise enfin l'économiste.