Par Ziad Abdelhadi Nul doute, les prix sur les étals des détaillants des légumes durant ce Ramadhan sont nettement inférieurs par rapport à l'année précédente. Autre constat indéniable : une abondance de produits végétaux frais dans tous les marchés et à des prix très abordables. Pour expliquer cet état de fait certains observateurs disent que cela est dû au fait que le Ramadhan 2013 coïncide avec la pleine saison des récoltes des produits maraîchers. D'autres avancent comme véritable raison une croissance de la production dans la filière maraîchère rendue possible par la contribution de deux facteurs qui sont l'augmentation des périmètres irrigués suite à une plus grande disponibilité de l'eau et la multiplication des cultures sous serres. Une explication qui tient la route dès lors où le ministère de l'Agriculture et du Développement rural avait annoncé en début d'année que la filière en question allait enregistrer cette année une nette croissance de sa production. Le ministère avait tablé sur un volume récolté durant les deux premiers trimestres de cette année, de 65, 6 millions de quintaux toute variété maraîchère confondue. Ce qui c'est concrétisé sur le terrain. Et de provoquer ainsi à partir du mois de juin une large offre au niveau des marchés de gros à partir du début du mois de juin passé. Une tendance qui c'est installée dans la durée puisque à ce jour les prix sont restés stables, pis encore ils n'ont connu aucune augmentation à la veille du mois de Ramadhan et durant sa première semaine. Chose qui n'avait pas lieu les mois sacrés précédents. En effet n'avait-on pas assisté à des flambées des prix pendant le début de chaque mois de Ramadhan. A l'époque les experts en matière de fluctuation de prix expliquaient que l'offre étant insuffisante au niveau des marchés de gros et par voie de conséquence les prix flambaient et gonflaient aussi par l'appétit vorace des détaillants. Ces derniers qui d'ailleurs ont appris à mettre à profit les fluctuations que subit le marché des produits agricoles. Comme aussi il est utile de rappeler au passage que durant tout l'année 2012 et les cinq premier mois de 2013 nous avons assisté à une inflation dont le taux est demeuré ascendant et que les prix sur les étals des détaillants des fruits et légumes ainsi que viandes rouge et blanche ne semblaient répondre à aucun critère, hormis celui du bon vouloir des commerçants. Toujours dans ce même ordre d'idée il a été constaté que dans le commerce au détail il est pratiqué des prix à la logique commerciale mystérieuse. Mais apparemment cette logique c'est estompée d'elle-même ces derniers jours puisque les détaillants en légumes ont vite compris que devant une offre importante d'une large variété de produits agricoles frais il fallait plutôt se contenter de petite marge de bénéfice pour éviter de se retrouver devant des cageots d'invendus. Chose qu'ils n'on pas connu lors des mois de Ramadhan précédents. C'est là une démonstration qu'une offre abondante peut fausser les calcules des magouilleurs des prix à la consommation. Mais faut-il encore que l'offre soit supérieure à la demande toute l'année pour que cesse définitivement les fluctuations préjudiciables aux consommateurs. C'est à cela que le ministère de l'Agriculture et du Développement rural devrait plus se pencher. Il a déjà fait un premier pas dans ce sens à travers la mise en place du système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) qui a cependant commencé à monter ses limites .Car selon les experts un tel système ne peut demeurer efficient sans avoir mis en œuvre une véritable stratégie de la production agricole claire. De plus cette dernière est à même de faire sortir le marché des légumes de l'irrégularité dans la quelle il se trouve. Dans cette perspective de sortie de l'irrégularité, le ministère du Commerce doit aussi intervenir. Et à lui donc d'instaurer un système d'établissement des prix. Un instrument qui fait grandement défaut dans le circuit de la commercialisation. Ce dernier peut en effet diminuer les variations hebdomadaires voire même journalières des prix des produits agricoles frais. Des fluctuations qui se sont traduites ces dernières années par cette fâcheuse tendance (à l'encontre des consommateurs) à être supérieure à leur marge acceptable. Ce qui nous ramène à dire, contenu de l'inflation galopante sur les produits agricoles frais, qu'il serait temps de trouver les solutions idoines qui pourraient au moins la ralentir (l'inflation ndlr) d'une part et d'autre part diminuer les amplitudes des prix qui s'enregistre par période interposée durant l'année. Car rien ne dit que les prix actuels des légumes ne vont pas connaître des hausses sensibles et douloureuses pour les ménages à petit budget. C'est en tout cas ce que soutient le chercheur Omar Bessaoud. Cet expert en production a souvent prononcé sur la problématique des fluctuations que subit en continu le marché interne en produits agricoles. Ce dernier estime que la question doit se poser à deux niveaux. Et de préciser : «Primo il y a l'aspect théorique qui renvoie aux fondamentaux de l'économie agricole et qui fait que les économistes mettent en évidence le caractère particulier des marchés agricoles qui, par définition, sont instables en raison des aléas naturel, dont le climat et les maladies. Secundo : une surproduction provoque la baisse des revenus des agriculteurs et, à l'inverse une baisse brutale de la production entraîne une hausse brutale des prix, préjudiciable aux consommateurs». Cependant un autre courant croît dur comme fer que c'est bien l'absence de régulation du marché qui ouvre la voie aux fluctuations conjoncturelles. «C'est pourquoi l'autorégulation devient une priorité à mettre en place» soutiennent des économistes bien au fait du circuit national de la commercialisation des produits agricoles frais. Ils ont par ailleurs unanime sur l'idée que «pour qu'un marché à terme fonctionne, il doit avoir comme sous-jacent un marché physique suffisamment transparent et important en volume». Une condition qui est loin d'être remplie. En effet si pour l'heure le marché est important en volume il n'est guère transparent. Ce qui laisse croire que les prix pratiqués actuellement sur les étals des détaillants ne sont qu'une embelli jusqu' à preuve du contraire. Nous le saurons les semaines à venir. Z. A.