Dans une élection, quelle qu'elle soit, il y a toujours un revers et un avers, un côté cour et un côté jardin, une profondeur «sloganique» et une superficialité surnageant sur les abîmes de la médiocrité… C'est comme cela ! Mais rassurez-vous, l'Algérie n'a pas le monopole du degré zéro de la politique. La course au fauteuil et aux privilèges libère une extraordinaire fantasmagorie destinée à capter les bulletins des moutons de panurge devenus, le temps d'une campagne, des électeurs conscients, des citoyens honorables et acquis à la démocratie par simple effet de génération spontanée. Il n'est que de voir la tournure prise par le cours de la présidentielle en France. Plombée par les «affaires» et les «casseroles» de deux «grands» prétendants au Palais de l'Elysée, elle a fait du surplace les deux tiers du temps pour se ressaisir les dix derniers jours dans un tonitruant salmigondis de propositions qui ne rivalisent que par leur effet d'annonce. Comme quoi, la qualité de nigaud est le statut le mieux partagé, dans le monde, par Mesdames et Messieurs les électeurs. Mais ne cherchons pas loin, la meilleure est encore chez nous. Si les citoyens électeurs étaient vraiment respectés par les familles et les amis du café du coin autorisés par l'administration à confectionner des listes de candidats, on ne se retrouverait pas avec des affiches qui ne montrent rien en dehors des nom et prénom des futurs députés. Encore qu'il serait plus juste d'écrire députée, avec le e du féminin. Et il est où le problème ? Il est dans les visages entièrement voilés des candidates, qui tiennent lieu de photos en bonne et due forme et devant permettre à l'électeur de fixer le regard statique de celles qui sollicitent son suffrage. Le phénomène, signalé dans certaines régions de notre vaste bled n'a pas manqué d'être dénoncé par quelques élus et militants courageux, alors que les simples quidams se contentent de rigoler un bon coup devant ce spectacle affligeant de momies sur affiches. Plus surprenant, le président de la Hiise (Haute instance indépendante de surveillance des élections) n'aurait même pas sursauté quand il a été saisi de ce carnaval de la régression sociale et politique. Pour Abdelwahab Derbal, les partis ont toute latitude pour agencer leurs affiches comme ils l'entendent. L'essentiel, aurait-il affirmé, est que les indications d'état civil des candidats ne soient pas erronées. Va donc pour les candidates qui avancent masquées ! A quand les cartes d'identité sans la photographie de l'«identifié» ? Dès lors que les noms, prénoms et dates de naissance sont corrects, un contrôle d'identité de la police ou de la gendarmerie devrait s'en contenter. Si une future députée qui sera reconnue comme représentante du peuple est autorisée à cacher son visage, et vu que la Constitution garantit l'égalité des citoyens, pourquoi un citoyen ordinaire…etc. etc. A. S.