Plusieurs partis politiques postulant pour les élections législatives du 4 mai prochain, ainsi que des candidats indépendants ont surpris les électeurs algériens en leur présentant des listes de candidates à visage couvert. En effet, de nombreuses affiches placardées, dans certaines wilayas de l'intérieur et du sud du pays, ont montré certaines postulantes «sans visage». Pour justifier ce fait, elles se sont référées au caractère «conservateur de leurs régions». C'est le cas de la liste d'Adrar représentant le parti de Naima Salhi, ainsi que d'autres listes de candidats indépendants de la wilaya de Ghardaïa à titre d'exemple. Plusieurs autres cas ont été signalés un peu partout, où d'autres candidates n'ont affiché, de surplus, ni leurs noms ni leurs prénoms. On se demande comment peut-on, donc, élire un candidat sans connaître son visage ni son identité. Mais d'un point de vue juridique, ces femmes candidates ont-elles transgressé la loi en «cachant» leur visage sur les affiches ? Pour répondre à cette question, nous avons contacté Fatiha Benabou, professeur de droit à l'Université d'Alger, spécialiste de droit constitutionnel. A ce propos, notre interlocutrice a indiqué qu'«il n'y a aucun décret dans la nouvelle loi électorale qui impose ou pas aux candidats aux élections de montrer ou pas leurs visages, sur les affiches». On peut comprendre donc, que ces candidates n'ont pas transgressé cette loi, mais qu'un vide juridique existe, d'où la nécessité d'y remédier. Tout de même, Mme Benabou a souligné que d'autres décrets et lois de la République «imposent aux citoyens de montrer ‘face blanche' et de décliner leur identité en présentant leurs photos». Selon elle, il est d'une logique indéniable, que tout candidat aux institutions publiques «est obligé de montrer son visage pour qu'il puisse être reconnu et identifié» et c'est le cas pour les deux Assemblées. «Les électeurs ont le droit de mettre un visage sur le nom des postulantes», a-t-elle dit, ajoutant : «Comment peut-on aspirer à être élu sans que les électeurs ne connaissent notre visage ?» s'est-elle interrogée. Pour cette professeur de droit, il est plus que nécessaire de montrer «face blanche», «pour qu'aucune confusion ne soit faite. Afficher seulement les nom et prénoms du candidat, n'est tout bonnement pas suffisant, car il pourrait se trouver d'autres personnes portant les mêmes nom et prénoms et dans la même circonscription». Le vrai problème dans tout cela, c'est comment peut-on demander aux électeurs de faire confiance à des personnes qui refusent de décliner leur identité.