Les résultats des élections législatives du 4 mai reconfigurent l'APN et dessinent une assemblée assez morcelée, même si la colonne vertébrale est toujours formée par les partis traditionnels de gouvernement et les autres soutiens habituels du programme politique du président de la République. Les deux grandes formations du pouvoir, le FLN et le RND, ont recueilli un peu plus de la moitié des 462 sièges, mais aucune des deux ne constitue à elle seule la majorité parlementaire. Encore moins le FLN, en net recul, qui perd 97 députés par rapport aux législatives de 2012, et qui n'a plus tout seul la majorité, avec seulement 164 sièges. La future majorité de gouvernement sera éventuellement et nécessairement formée par le FLN et le RND qui totalisent à eux deux 261 députés, et auxquels se joindraient des forces d'appoint comme le MPA (13 sièges) et l'alliance islamiste (HMS), c'est-à-dire le MSP auquel s'est joint le Front du changement (FC) d'Abdelmadjid Menasra après son autodissolution (33 députés au total). S'agissant du FLN, on relève donc qu'il laisse des plumes, avec une perte sèche de 97 sièges par rapport à 2012. Et même s'il est le premier du classement final, son score, tout juste moyen, ne le met pas en position de force. Encore moins en situation de revendiquer que le futur Premier ministre soit issu de ses rangs. Et surtout pas de désigner au poste de Premier ministre l'actuel secrétaire général du FLN. Un SG évidemment handicapé par son âge et qui n'a pas été un animateur particulièrement inspiré et généreux de la campagne électorale du parti historique, dont le président est le chef de l'Etat lui-même. Déjà que ce dernier n'est pas tenu de nommer un Premier ministre originaire du parti simple vainqueur des élections ou même majoritaire, sachant que la Constitution stipule qu'il «nomme le Premier ministre, la majorité parlementaire consultée». Il pourrait aussi choisir son candidat au sein du RND, seconde force à l'APN, avec 97 sièges et 27 députés de plus par rapport à 2012. Le chef de l'Etat a aussi le loisir d'opter pour une personnalité hors des rangs du FLN et du RND, comme la Constitution lui en donne le plein droit. Autre observation : dans l'Assemblée fragmentée sortie des urnes le 4 mai, existent désormais 5 groupes qui constituent autant de lignes de force que de fractures. A savoir, en premier lieu, le bloc qui sera constitué du couple FLN-RND et les forces de complément qui soutiennent le programme présidentiel, comme TAJ et le MPA et éventuellement l'Alliance islamiste HMS habituée à participer au gouvernement. Ce grand groupe, pour l'instant théorique, totalise 293 sièges, ce qui constituerait une assez large majorité. Vient ensuite la coalition islamiste encore virtuelle et composée du HMS, du trio Nahda-Adala-Bina et El Islah, avec un total de 49 députés. Et tout juste après, un bloc de démocrates qui compterait le FFS, le RCD, l'ANR et le PT, avec un groupe parlementaire de 42 députés. Il y a encore les Indépendants qui ont fait une nette percée avec 28 sièges, soit plus de dix députés comparativement à 2012. Et, enfin, le reste, c'est-à-dire une constellation de 23 micro-partis qui totalisent 50 députés. Sur le plan formel, le résultat final est assez conforme, globalement et dans le détail, au système électoral algérien qui produit une assemblée dont les sièges sont répartis à la proportionnelle dans 48 circonscriptions plurinominales correspondants aux wilayas administratives du pays. Chaque circonscription bénéficie d'un nombre de sièges en fonction de sa population : un siège par tranche de 80 000 habitants, plus un siège pour une éventuelle tranche restante de 40 000 habitants, avec un minimum de quatre sièges par circonscription. La répartition des sièges dans chaque circonscription se fait à la proportionnelle selon la méthode dite «du plus fort reste». Les résultats sont également plus ou moins en adéquation avec une culture électorale qui a ancré le vote légitimiste dans le pays. Une culture qui imprègne fortement la société, même si l'abstention est généralement une tendance lourde. Ce qui explique, manipulation des chiffres ou pas d'une consultation électorale à l'autre, le fait que les partis traditionnels du pouvoir soient toujours les vainqueurs des scrutins successifs. N. K.