La reconduction de cette majorité atteste du statu quo et témoigne de la déconnection consommée entre le pouvoir et la société. Ceux qui se seraient attendus à un changement à l'issue de cette élection législative vont devoir prendre leur mal en patience. Malgré le net recul de l'ex-parti unique qui passe de 202 députés dans l'ancienne mandature à 164 sièges dans la prochaine assemblée et la percée notable du RND qui améliore son score d'une trentaine de députés, en passant de 68 à 97 députés, la configuration politique du Parlement reste globalement la même. La moisson des islamistes, qui ont concouru avec deux alliances distinctes, ne perturbe pas la majorité parlementaire que les deux partis du pouvoir ont pour habitude de former. L'alliance HMS-FC a recueilli 33 sièges et le trio El-Adala-Enahda-El-Bina a obtenu, lui, 15 sièges. Le tandem FLN-RND garde la majorité qu'il a constituée depuis 1997, année où le RND est consacré première force politique, alors qu'il venait de naître. La reconduction de cette majorité atteste du statu quo et témoigne de la déconnection consommée entre le pouvoir et la société. Evidemment, c'est le changement qui vient, encore une fois, d'être différé. L'Assemblée qui s'est dégagée suite au scrutin législatif du 4 mai, manquera de refléter une réelle représentation de la société. En tout cas, elle est loin de traduire ses aspirations. Les milliers de mouvements de rue qu'enregistre le pays chaque année, devraient avoir normalement comme conséquence directe, une fois les élections arrivées, la sanction des partis du pouvoir. Or, c'est à l'inverse que l'on assiste. Il faut dire que le fort taux d'abstention et le nombre important de bulletins nuls ne sont pas pour aider à une reconfiguration de la représentation au niveau du Parlement. La désaffection des électeurs sanctionne le pouvoir, tant est qu'elle est synonyme de rejet du processus électoral, mais aussi l'opposition qu'elle prive de voix potentielles. L'urne, sinon la fraude, dénoncée massive, impose, encore une fois, imposer une pâle copie de l'Assemblée qui vient de tirer sa révérence avec son lot d'ordonnances enregistrées et de lois validées, y compris les plus impopulaires. Aux côtés du FLN et du RND, considérés comme les premières forces politiques du pays, se trouvent le parti Tajamoua Amel El-Djazaïr (TAJ), qui a glané 19 sièges, et le Mouvement populaire algérien (MPA) qui a obtenu 13 sièges, deux formations gravitant autour du cercle présidentiel et qui, donc, plus enclines à grossir la majorité parlementaire que la gêner. Leur contribution élargira cette majorité à 293 députés, sans compter, bien entendu, les indépendants et les autres formations qui seraient intéressés d'intervenir comme forces d'appoint aux deux partis du pouvoir. Le Parlement, tel que configuré par ces législatives, sera, une fois de plus, une chambre d'enregistrement. La reconduction de majorité parlementaire est facteur bloquant qui empêche l'institution de jouer pleinement son rôle, en la maintenant confinée dans sa posture de boîte d'enregistrement et de Parlement croupion. Les partis de l'opposition dont le nombre de députés est inférieur au quart du nombre total des sièges que compte l'institution, ne pourront rien changer. Telle que façonnée, la nouvelle APN confirme que le souci majeur du régime demeure son maintien et trahit sa volonté à se perpétuer en 2019 et au-delà. Car la succession à Bouteflika, sinon la prolongation de son bail à El Mouradia, impliquera forcément l'APN. Mohamed Mouloudj