Pendant toute la durée de la campagne électorale, l'homme était resté imperturbable. Malgré toutes les attaques qu'il a essuyées de toutes parts, le secrétaire général du RND est resté confiant. Contrairement au patron du FLN, Djamel Ould Abbès, qui annonçait à chaque fois une écrasante victoire de son parti, Ouyahia se contentait de dire que c'est au peuple de trancher le jour du vote. Et au jour J, c'est une véritable percée que le RND a réussie en récoltant 97 sièges. Il a gagné plus de 30 sièges par rapport à 2012 où il avait remporté 68 sièges alors que le FLN, bien qu'il préserve sa position de première force politique du pays avec 194 députés, a reculé de près de 50 sièges par rapport à 2012. Les observateurs les plus avertis ont donc retenu des résultats des législatives de ce 4 mai 2017, la percée du RND malgré la mobilisation du FLN et du gouvernement contre lui. Durant la campagne électorale, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a effectué 6 visites de travail dans différentes wilayas. Il en a profité pour faire une campagne ouverte en faveur du FLN, appelant les électeurs à voter en faveur de «la ligne nationale authentique». Plusieurs autres ministres ont été mobilisés en faveur du FLN. Des instructions seraient même données aux autorités locales pour «aider» les listes du FLN. Cela n'a pas empêché le RND de récolter près de 100 sièges, ce qui le place en bonne position pour les échéances à venir. La première en est la prochaine élection présidentielle pour laquelle Ouyahia et Sellal seraient déjà en course ouverte. Durant toute la campagne, Ahmed Ouyahia a sillonné le pays. Contrairement à Ould Abbès qui arborait le nom de Bouteflika, le patron du RND a présenté et défendu le programme de son parti. Pourquoi alors la machine déployée contre le parti d'Ahmed Ouyahia n'a-t-elle pas entièrement fonctionné, même si le RND représente une partie importante dans l'équation de la coalition gouvernementale ? En tout cas, abstraction faite du résultat réalisé par la deuxième force politique du pays, les partis au pouvoir ont préservé la majorité des sièges au sein de l'APN. A eux seuls, le FLN (164 sièges) et le RND (97 sièges) totalisent 261 sièges sur un total de 462 députés que compte la deuxième chambre du Parlement. Une majorité qui met le pouvoir de manière général et le gouvernement particulièrement dans une confortable posture. Il est à l'abri de toute contestation qui pourrait peser sur son avenir. Si l'on ajoute les autres partis acquis au pouvoir et qui assument leur soutien au gouvernement, on peut affirmer que l'éxécutif est sorti le grand vainqueur des élections législatives de ce 4 mai 2017. Les autres partis présidés par d'anciens ministres ont récolté 40 sièges. Le TAJ d'Amar Ghoul a gagné 19 sièges, le MPA d'Amara Benyounès 13 et l'ANR de Belkacem Sahli en a récolté 8. Les partis du pouvoir et de sa périphérie, qui profitent du fort taux d'abstention de plus de 60%, se trouvent donc avec 301 députés. Le seul embarras pour cette majorité parlementaire est qu'elle représente une minorité de la société algérienne. Il reste, cependant, à savoir si le RND va honorer ses promesses électorales, en chargeant ses députés de présenter des projets de loi en vue de les concrétiser.