Le Dr Ahmed Sari, professeur d'histoire à l'université Emir-Abdelkader des sciences islamiques a déclaré que «l'objectivité dans les écrits historiques demeure relative en dépit de leur évolution en termes d'application des méthodes scientifiques particulièrement durant le 19e siècle» Le colloque international sur «les crimes du 8 Mai 1945» de l'université de Guelma s'est déroulé cette année autour de la thématique : «Les crimes du 8 Mai 1945 dans les écrits algériens et étrangers». Le recteur de l'université de Guelma, Mohamed Nememcha, a précisé à l'ouverture de cette 14e édition de la rencontre tenue à l'auditorium Souidani-Boudjemaâ, que le choix de cette thématique vise «à faire sortir l'écriture sur ces massacres de la relation passionnelle entre l'Algérie et la France pour la remettre aux historiens et chercheurs de par le monde quelle que soit leur nationalité». Il a affirmé dans ce sens que «dans un souci de veiller à assurer la qualité et l'objectivité dans l'écriture des massacres du 8 Mai 1945, le comité scientifique du colloque, organisé par l'université de Guelma depuis 2003, a convié, pour cette édition, plusieurs spécialistes des universités du monde entier, dont celles ayant des accords de partenariat avec l'université 8 Mai 1945». La rencontre d'une journée a donné lieu à la présentation de 10 communications par des historiens des universités de Msila et Guelma ainsi que de France, Portugal, Egypte et de la Tunisie. L'accent a été mis, dans ces communications, sur trois axes relatifs aux écrits algériens, arabes et étrangers sur les massacres du 8 Mai 1945, permettant d'analyser la nature des écrits historiques réalisés depuis 72 ans, entre la période 1945-2017 sur les crimes de la France coloniale en mai 1945. Le chercheur, Ahmed Chirbini de l'université du Caire en Egypte, a estimé, pour sa part que «ce qui a été écrit sur la Révolution algérienne, qui représente un modèle des mouvements libérateurs pour le monde arabe et le monde en entier, demeure en deçà des sacrifices faits par les martyrs et artisans de cette Révolution». Il considère également que ce colloque est de nature à apporter un plus aux étudiants et chercheurs dans les mouvements révolutionnaires, précisant que l'université du Caire propose diverses disciplines dans l'étude de l'histoire, dont l'histoire de l'Algérie. Pour sa part, Teresa Cierco, de l'université de Porto au Portugal, a présenté une analyse sur «les évènements du 8 Mai 1945 entre mémoire et histoire», soulignant que «la relation entre la mémoire et l'histoire est souvent liée et, dans certains cas, les deux termes s'entremêlent». Pour cette universitaire, en pareils épisodes de l'histoire, «l'Etat colonisateur tente habituellement d'effacer cette mémoire, alors que les peuples victimes ont besoin de valoriser cette histoire dans le cadre du processus de construction de leur identité et de leur singularité». L'intervenante a décortiqué l'horreur du colonialisme telle que reflétée dans les écrits romanesques algériens, estimant à ce propos, que Kateb Yacine avait réussi à cristalliser la souffrance du peuple algérien sous l'occupation notamment dans «Nedjma» et «Le polygone étoilé». Dans sa communication sur «perception et mémoires des massacres du 8 Mai 1945», l'universitaire français Nadjib Achour a axé sur les témoignages de militants du mouvement nationaliste et d'artisans de la Révolution libératrice ayant vécu ces massacres ainsi que sur des écrits de presse et archives français. A la clôture du colloque, les participants ont appelé, à l'impérative écriture des vérités historiques sur les massacres du 8 Mai 1945. Par ailleurs, dans le cadre d'une conférence historique sur «l'objectivité et subjectivité en histoire» à l'occasion du 72e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945, le Dr Ahmed Sari, professeur d'histoire à l'université Emir-Abdelkader des sciences islamiques a déclaré, lundi passé à Constantine, que «l'objectivité dans les écrits historiques demeure relative en dépit de leur évolution en termes d'application des méthodes scientifiques particulièrement durant le 19e siècle». Concernant les massacres du 8 Mai 1945, il dira «qu'alors que les Algériens évoquent un massacre ayant fait plus de 45 000 victimes, la partie française en parle comme évènements sporadiques ayant causé la mort d'un petit nombre d'Algériens poussés à la rue par la situation économique et la sécheresse de 1945 sans être mus par une quelconque revendication politique indépendantiste». «Le rapport de la commission chargée d'enquêter sur ces manifestations rejette la cause économique des manifestants n'ayant à aucun moment tenté de piller les hangars de blés malgré la pénurie de denrées d'alors», ajoutera-t-il. Ahmed Sari a également mis en exergue le fait que «la question du nombre de victimes de ces massacres estimée par la revue El Bassaïr de l'association des Oulémas musulmans algériens en 1948 de 80 000 morts, exige davantage d'investigations de la part des historiens et chercheurs». S. B./APS