Les événements du 8 mai 1945 ont marqué la fin de la période de formation de la seconde génération du mouvement national et le début de celle de la préparation de l'action armée pour déraciner les fondements du colonialisme et arracher l'indépendance de l'Algérie, a déclaré l'historien Lahcène Zeghidi, lors du forum de la Direction générale de la Sureté nationale (DGSN), consacré à la commémoration de cette date, haute en symboles. Après avoir rappelé les contextes interne et international ayant précédé ces sanglants événements, le professeur d'histoire à l'université d'Alger a indiqué que l'administration coloniale française avait recouru, pour la première fois, aux fours crématoires pour dissimuler l'étendue et la barbarie de ces massacres, devant les observateurs étrangers venus s'en enquérir. La France avait applaudi ce qui s'est passé, deux semaines durant, au moment où les réactions étrangères étaient nombreuses à condamner la sauvagerie de ces tueries, a-t-il poursuivi, soutenant que quelques 3000 Algériens étaient quotidiennement abattus par les forces armées combinées, l'aviation effectuant à elle seule, quelques 300 raids par jour. Les estimations algériennes et étrangères de l'impact de ces massacres avaient avancé entre 17.000 et 100.000 victimes parmi les manifestants algériens, au moment où l'administration coloniale l'avait limité à entre 1200 et 1500 morts, a-t-il déploré. Par ailleurs, les participants au colloque international sur «Les crimes du 8 mai 1945 dans les écrits algériens et étrangers» ont appelé, dimanche à partir de Guelma, à l'impérative écriture des vérités historiques sur les massacres du 8 mai 1945. Le choix du thème de cette 14ème édition du colloque sur «les crimes du 8 mai 1945» vise «à faire sortir l'écriture sur ces massacres de la relation passionnelle entre l'Algérie et la France pour la remettre aux historiens et chercheurs de par le monde quelle que soit leur nationalité», a précisé le recteur de l'université de Guelma, Mohamed Nememcha, à l'ouverture du colloque tenu à l'auditorium Souidani Boudjemaâ. «Dans un souci de veiller à assurer la qualité et l'objectivité dans l'écriture des massacres du 8 mai 1945, le comité scientifique du colloque, organisé par l'université de Guelma depuis 2003, a convié, pour cette édition, plusieurs spécialistes des universités du monde entier, dont celles ayant des accords de partenariat avec l'université 8 mai 1945», a affirmé, dans ce contexte, M. Nememcha. L'universitaire du Caire (Egypte) Ahmed Chirbini a estimé, pour sa part, que "ce qui a été écrit sur la Révolution algérienne, qui représente un modèle des mouvements libérateurs pour le monde arabe et le monde en entier, demeure en deçà des sacrifices faits par les martyrs et artisans de cette Révolution». Il a également considéré que ce colloque est de nature à apporter un plus aux étudiants et chercheurs dans les mouvements révolutionnaires, précisant que l'université du Caire propose diverses disciplines dans l'étude de l'histoire, dont l'histoire de l'Algérie. Mme Teresa Cierco, de l'université de Porto (Portugal), a tenté d'analyser "les évènements du 8 mai 1945 entre mémoire et histoire" soulignant que «la relation entre la mémoire et l'histoire est souvent liée et, dans certains cas, les deux termes s'entremêlent».