Quand elles activaient dans la clandestinité ou la semi-clandestinité au temps du parti unique, les associations abattaient un travail colossal de mobilisation des citoyens pour la prise en charge des problèmes qui les concernent directement. Elles concurrençaient, avec l'absence des moyens, celles dont le pouvoir de l'époque en avait fait des appendices et qui excellaient dans les discours démagogiques. L'ouverture démocratique aidant, le pays a assisté à un foisonnement d'organisations dites de la société civile. Une quinzaine de personnes suffisaient pour déclarer la naissance d'une association. Dès lors les subventions affluaient sans cesse. Censées financer des activités d'utilité générale, puisque c'est l'un des objectifs nobles de chaque organisation non politique, les ressources allouées par l'administration ont très peu servi la cause. Les responsables d'associations se sont enrichis sans pour autant faire bénéficier les citoyens des fruits de la mobilisation. D'autre part, l'administration a trouvé dans ces organisations un instrument à son service à travers leur caporalisation. Les partis ne sont pas en reste en ce sens que des satellites sont nés ici et là. Tout cela aux frais du contribuable sans se soucier de rendre des comptes. On a vu des associations disparaître ou s'auto-dissoudre sans pour autant rendre publics leurs rapports. Et le ministre de l'Intérieur l'a confirmé jeudi dernier avec force chiffres. Toutefois, il n'y a jamais eu de contrôle des comptes, que ce soit par la Cour des comptes ou l'Inspection générale des Finances dès lors qu'il s'agit de deniers publics. Les abus de biens sociaux et les détournements sont légion. Jusqu'à présent, aucune association n'a été inquiétée. Les institutions en charge de passer au peigne fin les documents comptables, ce qui est prévu par la loi, ne se sont pas crues obligées de s'y pencher. Pourtant, l'Algérie ne regorgeait pas de recettes pétrolières. Au contraire, l'or noir avait dégringolé et la situation sécuritaire qui prévalait l'avait mise dans une situation d'isolement international qui ne lui permettait pas de sortir sa tête de l'eau. Le moindre sou avait sa valeur. Mais pas pour les responsables d'associations qui y ont trouvé une aubaine pour s'enrichir, quitte à se faire chapeauter et mener campagne pour l'un ou l'autre moyennant également finances. Beaucoup d'entre ces responsables se sont vu d'ailleurs propulser vers de hautes sphères des institutions du pays. Pourtant, il suffisait juste de faire appliquer la loi. Rien que la loi. Exiger d'une quelconque association qui sollicite une subvention un programme de travail et d'action avec en face le coût de chaque opération. Exactement comme élaborer une étude technico-économique d'un projet. Certes, la révision de la loi sur les associations est nécessaire. Mais si elle n'est pas suivie d'un contrôle rigoureux, elle ne sera qu'une loi de plus à ajouter à la batterie de la législation algérienne. Une simple loi promulguée et publiée au Journal officiel que l'écrasante majorité des Algériens ne consulte pas. Ce sera mis sur le compte des pertes et profits. F. A.