Photo : S. Zoheir De notre envoyé spécial à Biskra Smaïl Boughazi Abdelaziz Bouteflika a annoncé hier à Biskra, dans un discours prononcé à l'ouverture de la conférence nationale sur l'agriculture, un véritable programme destiné à fournir un effort supplémentaire aux actions déjà engagées pour le développement de l'agriculture et, par ricochet, pour assurer la sécurité alimentaire. Toutes les filières agricoles seront touchées par ce plan et, selon le président de la République, pas moins de 200 milliards de dinars par année, soit près de trois milliards de dollars, seront mobilisés à cet effet. Il s'agit, d'un «sacrifice important que le pays entend engager mais qui est de nature à générer des résultats majeurs pour l'ensemble de l'économie nationale». Par ailleurs, le premier magistrat du pays a décidé d'éponger la totalité de la dette des agriculteurs et des éleveurs qui s'élève actuellement à 41 milliards de dinars. Il a précisé que «cette dette sera rachetée par le Trésor public, et les banques doivent cesser, dès ce jour [hier], toute démarche pour le recouvrement de leurs créances auprès des agriculteurs et des éleveurs». Abdelaziz Bouteflika, qui a parlé longuement des chantiers réalisés ces dernières années à la faveur des différents programmes, a rappelé aussi la facture alimentaire qui s'alourdit de plus en plus, passant de moins de trois milliards il y a quelques années à plus de 8 milliards de dollars cette année. Pas moins de huit points figurent également dans le plan annoncé par le président de la République en vue de «soutenir toute la chaîne de la production agricole et de l'élevage». Ce soutien devait prendre effet dès hier. Il s'agit «de mettre en place une subvention sur les coûts d'acquisition et de reproduction des semences et des plans» et une autre «subvention sur les prix d'acquisition des engrais octroyée pour toutes les cultures». Parmi les mesures annoncées il y lieu de citer «un soutien public qui sera mis en place pour l'acquisition de matériels agricoles au bénéfice des différentes cultures et de l'élevage, ainsi que du matériel d'irrigation économisant l'eau». «Cette aide ira exclusivement à la location-vente d'équipements produits localement.» Le développement de la production et de la collecte de lait sera également soutenue par des encouragements publics substantiels destinés à l'acquisition des vaches laitières auprès de fournisseurs conventionnés, à la rénovation des installations, à l'achat des matériels de collecte et à la production de fourrage. Par ailleurs, les subventions qui existent déjà, concernant la production et la collecte de lait, seront relevées. M. Bouteflika souligne, dans ce sillage, que «le soutien des prix de la poudre de lait importée, actuellement octroyé aux laiteries, sera graduellement conditionné par la part de production laitière locale collectée et utilisée par ces opérateurs». La production de viande sera également soutenue.Ce soutien important, précise-t-il, touchera l'ensemble des filières de cette production. Ainsi, l'élevage ovin et caprin sera soutenu par une prise en charge de la vaccination animale, l'octroi de subventions pour la modernisation des bâtiments d'élevage, la création de centres de multiplication, ainsi que la fourniture de fourrage à des prix subventionnés dans les situations de sécheresse. L'aviculture et le petit élevage bénéficieront également d'un soutien de l'Etat pour l'acquisition de cheptel, la rénovation des moyens de production ainsi que pour l'investissement dans l'industrie de transformation. Il en est de même de certaines productions arboricoles. Il s'agira, pour la production d'huile d'olive, d'offrir un soutien particulier à l'acquisition de matériels destinés à la réalisation d'huileries ainsi que des capacités de stockage et de conditionnement de la production. La culture et l'exportation de la datte bénéficieront d'un «encouragement adapté». Il sera étendu à la préservation et à la rénovation de palmeraies, à la réalisation d'unités de conditionnement, ainsi qu'à l'exportation. Le président de la République a estimé que le système national d'enseignement doit intensifier la formation d'ingénieurs et de techniciens dans les filières et métiers liés à cette activité. Sur un autre chapitre, Abdelaziz Bouteflika a décidé de donner «un caractère permanent» aux prix mis en place l'année dernière pour les récoltes de blé et d'orge collectées par les coopératives. «Un prix encourageant sera versé également à la collecte des légumes secs», précise-t-il. S'agissant de la régulation des circuits de distribution, il a annoncé que l'intervention publique réussie sur la pomme de terre sera étendue dès cette année à d'autres productions. Il a promis également de poursuivre la réalisation d'un vaste programme de constructions de marchés pour l'écoulement de la production de l'agriculture et de l'élevage, ainsi que des centres d'abattage modernes à travers les Hauts Plateaux. Abdelaziz Bouteflika compte enfin associer des partenaires étrangers pour la réalisation de ce plan. Les partenaires étrangers, disposés à apporter leur savoir-faire, bénéficieront ainsi de l'important programme de modernisation et d'équipement du secteur agricole.