La France électorale s'apprête à vivre aujourd'hui la confirmation de la tendance perçue il y a une semaine : l'hégémonie des députés de La République En Marche à l'Assemblée nationale, marginalisant ainsi la représentation des traditionnelles formations politiques du pays, de droite comme de gauche, qui ont régné sur la France depuis 1958. L'hypothèse d'un deuxième tour des élections législatives qui confirme le premier est actée par tous les sondages et la classe politique. La question qui taraude les esprits est est-ce que les partisans du président Macron vont rafler la majorité écrasante, jusqu'à 450 sièges, voire plus selon certains sondages, sur les 577 que compte la chambre, réduisant celle-ci en enceinte de béni oui-oui, ou est-ce que les électeurs vont donner plus d'élus aux opposants afin de laisser la chance à un minimum de jeu démocratique lors de l'examen des lois ou du contrôle de l'action du gouvernement ? Toute la semaine entre les deux tours a été marquée par une campagne électorale morne, terne, comme si les oppositions de droite et de gauche ont déjà digéré leur défaite. Leurs appels timorés sans conviction, même si des militants se sont démenés sur le terrain, en faveur d'une mobilisation populaire pour limiter la puissance des mancronistes, semblent vains à croire les sondages qui prédisent un taux d'abstention supérieur à celui du premier tour (51%). La droite de Les Républicains(LR), à l'image de leur chef de campagne François Baroin, a fait profil bas malgré quelques sursauts destinés simplement à affirmer une présence médiatique. Le temps semble déjà à l'aiguisement des couteaux pour les règlements de comptes de l'après élection qui risqueront de faire imploser le parti cher à Nicolas Sarkozy. Idem chez les socialistes où le problème est plus grave. La chute en 5 ans, de 30% des suffrages à 8%, de la majorité absolue à l'Assemblée nationale à la recherche du sauvetage d'une trentaine de sièges, consacre la division profonde entre ses différentes tendances politiques et le bilan laissé par François Hollande. Un champ de ruines. Le Front national qui est tombé de son piédestal présidentiel, sauvera théoriquement la tête de sa dirigeante Marine Le Pen et peut-être de quelques candidats en posture difficile. Quant à la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon, assuré d'être élu à Marseille dans un fief socialiste, et au Parti communiste, leur objectif est de gagner à eux deux une quinzaine de députés. Comme toutes les élections, les législatives françaises n'ont pas échappé à certains problèmes de comptage des urnes, la remise en cause de la probité de certains candidats, etc. Mais il y a pire. C'est-à-dire un scandale, un véritable scandale qui est passé inaperçu malgré quelques articles de presse. Il vient de la 8e circonscription des français de l'étranger qui regroupe huit pays, allant de l'Italie à Israël. Le candidat sortant, Habib Meyer, un centriste franco-israélien de l'UDI, qui a mené une campagne électorale en israélien, en bafouant tous les principes de la non-ingérence dans les affaires d'un pays et de la laïcité de la France, en rejetant la ligne de la diplomatie française qui fait consensus dans le pays sur le conflit israélo-palestinien. Le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, lui-même, s'est mis au service de son boy en enregistrant une vidéo de soutien que le candidat a diffusé sur son compte twiter. Dans un courriel aux électeurs franco-israéliens, Meyer, qui veut gagner leurs voix, leur écrit : «Pour la première fois, avec moi, vous avez un député qui vous ressemble : profondément attaché à la France, sioniste, partisan de l'intégrité d'Eretz Israël et fidèle aux valeurs de la Torah.» Bénéficiant de cette impunité à violer la Constitution et la loi française sans être sanctionné jusqu'à l'élimination, le candidat sioniste demande et obtient le soutien du grand rabbin séfarade d'Israël qui s'affiche avec lui dans une vidéo. La liste est longue des soutiens religieux qu'il a obtenu en Israël. En outre, il a même osé accuser le ministère français des Affaires étrangères d'envoyer du courrier électoral aux franco-israéliens vivant dans les territoires palestiniens avec la mention sur l'enveloppe «Territoires palestiniens» ! Voilà un candidat de l'extrême-droite israélienne qui déclare ouvertement qu'il est pour le grand Israël, qui roule pour Tel-Aviv, qui va se retrouver encore député français s'il n'est pas battu par la socialiste Florence Drory. Qui pourrait imaginer une fraction de seconde la réaction du gouvernement, de la classe politique, des journaux et des médias lourds français si un candidat français d'origine algérienne s'affichait avec le Premier ministre algérien et recevait la bénédiction des dignitaires religieux algériens pour être élu député français ? M. M.