Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, promet de «séparer l'argent du pouvoir», qualifie la situation financière de «passable» et «acceptable», annonce la construction de 1 600 000 logements, la réactualisation du e-paiement et la création de nouvelles wilayas-déléguées. Il annonce également de «larges consultations gouvernement-syndicats-société civile». Pour sa première sortie publique depuis sa désignation par le président de la République à la tête de l'exécutif, M. Tebboune a présenté, dans la soirée de mardi dernier, le plan de travail de son gouvernement devant l'Assemblée populaire nationale (APN). La séance plénière a été ouverte par le président de l'APN, Saïd Bouhadja. Ce dernier annonce l'ordre du jour et donne la parole au président de la commission juridique pour faire l'appel des nouveaux parlementaires qui remplaceront les députés promus ministres dans le gouvernement Tebboune, lesquels ont été «validés» à la majorité absolue. C'est donc devant la majorité des députés, 452 présents sur 462, que le Premier ministre prendra la parole pour exposer son programme. Dans un long exposé, il a commencé par vanter la «vision politique, stratégique et à long terme» du président Bouteflika. M. Tebboune défendra ensuite son programme. «Notre mission en tant que gouvernement, votre mission en tant que représentants du peuple, est de préserver et consolider la justice sociale», a-t-il déclaré. Evoquant la situation financière du pays, M. Tebboune a reconnu que «l'Algérie n'est plus dans l'aisance financière depuis 2014. Mais, nous sommes dans une situation stable et acceptable […], qui n'est pas noire et ne peut être noircie». Pour étayer ses dires, le Premier ministre rappelle que «les besoins les plus élémentaires du citoyen sont maintenus et resteront à sa disposition tels que le raccordement en eau, gaz naturel, et électricité». «L'éducation et la santé restent gratuits», a-t-il ajouté. «Mais le véritable pari qui s'impose à nous aujourd'hui est de passer à une nouvelle étape de développement sur tous les plans», a-t-il soutenu. Et «le défi sera relevé» car «le gouvernement est déterminé à réaliser ses objectifs», soutiendra-t-il autant que l'Assemblée, sans doute, est «prête à jouer pleinement son rôle», ajoutera-t-il. Le chef de l'exécutif énumérera ensuite «les grands axes» du plan d'action de son gouvernement dont la «consolidation de l'Etat de droit et des libertés démocratiques par l'installation des nouveaux outils constitutionnels» contenus dans la nouvelle loi fondamentale du pays, la «parité homme-femme», l'«enrichissement du système judiciaire», la «réforme pénitencière avec comme pierre angulaire le respect des droits de l'homme». S'agissant de la «liberté d'expression et de la presse», le Premier ministre a annoncé la création prochaine d'un «conseil d'éthique professionnelle». Il a également évoqué le secteur de l'audiovisuel qu'il promet de «régulariser». L'introduction de «l'argent sale» sur la scène politique, l'arrivée des hommes d'affaires dans la politique, des phénomènes que l'opposition ne cesse de dénoncer, et «la complicité» du pouvoir sont une autre cible de l'exécutif qui, dira M. Tebboune, est «déterminé» à sévir contre les «lobbies affairistes» qui gravitent autour du gouvernement. «Nous allons séparer l'argent et le pouvoir. Chacun sera désormais dans son univers», promet le Premier ministre sous un tonnerre d'applaudissements. «La richesse ne vient que par les affaires, mais l'Etat reste l'Etat et l'argent reste l'argent», soutient-il. Dans son plan, figure également la «généralisation de l'utilisation des technologies de l'information» et du e-paiement qui peine à décoller. Il sera réactualisé et opérationnel prochainement, dira le Premier ministre, qui parle également de «l'élargissement» des «capacités d'accès à internet». Quant à l'organisation territoriale, le chef de l'exécutif, louant les «avantages de la décentralisation», indiquera que des wilayas-déléguées verront le jour, prochainement, dans le Sud et dans les wilayas des Hauts-Plateaux. M. Tebboune annoncera aussi la construction de 1 600 000 logements, et, par ricochet, l'éradication des bidonvilles. Outre le logement, il y aura aussi «l'élargissement du réseau routier». Le Premier ministre indique que de «nouvelles stratégies de financement» de ces réalisations, «sont d'ores et déjà mis en place», réaffirmant le «caractère social de l'Etat». «L'Etat algérien est social et il le restera. Ceci était le serment prêté par nos chouhada», a-t-il martelé, assurant de la prise en charge de l'Etat à l'égard des moudjahidine et des nécessiteux. Le Premier ministre annonce également une «opération statistique nationale». «Avec l'aide du ministère des Finances et autres ministères en relation, nous allons entamer des statistiques nationales sur tout ce que nous consommons et produisons», a-t-il annoncé, précisant que jusque-là «aucune statistique n'a été faite en Algérie. On n'a aucune statistique fiable dans aucun secteur». Ces statistiques détermineraient, «ce que nous consommons le plus et quel est le produit national à encourager», a-t-il précisé. Enfin, pour permettre la compréhension de la crise et des défis qu'elle induit ainsi que les issues et/ou les solutions qui s'offrent à l'Algérie, le gouvernement compte lancer, dans un climat de concertation entre les multiples forces agissantes de la société, «de larges consultations avec les syndicats, la société civile, et ce, pour faire l'évaluation des différentes politiques incitatives et des transformations sociales», a annoncé le Premier ministre. Les débats autour du plan du gouvernement se sont poursuivis hier et reprendront aujourd'hui, toujours en séance nocturne. M. Tebboune répondra, demain, aux différentes interventions des députés avant l'adoption du plan du gouvernement. Le Premier ministre s'est engagé, hier, à répondre avec beaucoup de clarté aux interrogations et suggestions des parlementaires lors de leurs interventions, et ce, dit-il, dans l'esprit de «travailler tous ensemble pour l'intérêt des enfants du pays» dont le gouvernement fait un principe. A. B.