Abdelmadjid Tebboune est, depuis hier, le nouveau Premier ministre du pays. Après la démission du gouvernement Sellal, suite à l'installation de la nouvelle APN, le président de la République a jeté son dévolu sur le désormais ex-ministre de l'Habitat. «Conformément à l'article 91, alinéa 5 de la Constitution, M. le président de la République a, après consultation de la majorité parlementaire, nommé M. Abdelmadjid Tebboune, Premier ministre», a annoncé la présidence de la République dans un communiqué. Félicitant Abdelmalek Sellal, Premier ministre sortant et son équipe «pour le travail qu'ils ont accompli», le chef de l'Etat «a chargé les membres du gouvernement démissionnaire de vaquer aux affaires courantes de leurs secteurs respectifs en attendant la nomination du gouvernement», a précisé le communiqué. Quel gouvernement alors pour Abdelmadjid Tebboune ? Etant lui-même cadre du FLN, membre de son comité central, le futur Exécutif qui sera annoncé dans quelques jours sera certainement à fort cachet politique. Plusieurs ministres technocrates, surtout ceux dont les départements qu'ils dirigeaient ont connu une gestion chaotique, en étant souvent au centre de scandales, vont devoir céder leurs postes à des ministres partisans, issus du FLN, du RND, du TAJ et du MPA. En tout cas, la désignation de Tebboune à la tête du gouvernement, quoique attendue par certains, étant donné que son nom circulait depuis quelques mois et donné pour succéder à Sellal, constitue une surprise pour plus d'un. En effet, les consultations menées par Abdelmalek Sellal avec les partis politiques dans la perspective de la formation du nouveau gouvernement ont trompé l'opinion publique. Beaucoup ont conclu à la reconduction de Sellal. Mais Bouteflika en a décidé autrement. En nommant Tebboune, le chef de l'Etat voulait certainement imprimer une nouvelle dynamique au gouvernement. La gestion des dossiers du logement, même si le succès est loin d'être éclatant, ainsi que le chantier de la Grande mosquée d'Alger, un projet cher à Bouteflika, auraient joué en sa faveur. «Récompensé pour son excès de zèle» pour certains, nommé pour ses compétences et son dynamisme pour d'autres, Tebboune hérite d'une conjoncture de crise économique qu'il doit gérer avec les moyens du bord. L'opulence financière ne pouvant être ce bel accompagnateur, il devra faire face à un climat hostile. Les dossiers qui l'attendent sur ce plan sont, en effet, nombreux. Sur le plan politique, l'équipe de Tebboune doit se constituer avec les partis traditionnels soutenant le pouvoir (FLN, RND, MPA, TAJ), et ce, après la défection du MSP qui a décidé de décliner l'offre de la Présidence. En tout cas, de par les attributions constitutionnelles qui sont les siennes, Tebboune n'aura pas les mains complètement libres et l'attitude totalement autonome dans la prise de décision. Il est chargé principalement de coordonner l'action du gouvernement qui doit élaborer son plan d'action afin de la présenter au Conseil des ministres, soit au président de la République qui préside le conseil. Une fois cette formalité accomplie, Tebboune doit soumettre son projet à l'APN pour adoption. Le Premier ministre est chargé, également, au titre de l'article 99 de la Constitution, de répartir les attributions entre les membres du gouvernement, de veiller à l'exécution des lois et règlements, de présider les réunions du gouvernement, de signer les décrets exécutifs, de veiller au bon fonctionnement de l'administration publique et de nommer aux emplois de l'Etat, après approbation du président de la République.