Le Premier ministre, Abdelmadjid Tebboune, a clarifié, jeudi soir dernier, les positions de l'Algérie concernant son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) - qui est encore au stade des négociations- ainsi que la protection de son économie, en considérant les engagements contenus dans les accords internationaux qu'elle a signés avec ses partenaires étrangers notamment l'Union européenne (UE). S'exprimant lors d'une conférence de presse après l'adoption par le Conseil de la nation du Plan d'action du gouvernement, le Premier ministre dira que l'Algérie n'est pas disposée actuellement à adhérer à l'OMC. Indiquant qu'il respecte les avis en faveur de cette adhésion, M. Tebboune arguera toutefois qu'«aujourd'hui, nous vivons dans un monde dans lequel nous devons multiplier nos efforts de défense de nos intérêts économiques et de protection de notre économie contre la mondialisation dévastatrice qui ne reconnait aucune limite et qui bannit tout ce qui est national, car l'étape actuelle l'exige». A ce propos, le premier ministre affirmera que «la protection de l'économie nationale est un droit souverain». Et l'Algérie fera valoir ce droit, «sans toutefois faillir à nos engagements avec les partenaires étrangers», ajoutera-t-il, en rappelant que des pays occidentaux développés en Europe et en Amérique avaient déjà mis en place des dispositifs et mesures protectionnistes stricts. De plus, précisera le Premier ministre, tous les accords conclus par l'Algérie avec les partenaires étrangers comportent «des articles portant sur le protectionnisme» qui autorisent les deux parties à appliquer des mesures et à adopter des dispositifs réglementaires sur le plan du commerce extérieur. En effet, l'Accord d'association Algérie-UE contient des mesures spécifiques qui stipulent : «Les négociateurs ont prévu un certain nombre de situations où une entorse peut être faite à l'Accord. Les mesures qui peuvent être prises en l'occurrence sont les suivantes : - Des mesures antidumping : En cas de dumping dommageable à une branche de production ou pouvant retarder la création de nouvelles branches, l'Algérie pourrait envisager des mesures anti-dumping, c'est-à-dire qu'elle pourrait rétablir les taxes sur les produits en litige. - Mesures compensatoires : Lorsqu'un pays de l'UE accorde des subventions à certaines branches de son industrie qui sont susceptibles de porter préjudice aux branches algériennes similaires, l'Algérie peut envisager d'appliquer à ces produits un droit de douane compensateur. - Mesures de sauvegarde : Si l'Algérie constate une forte augmentation de ses importations au point de devenir une menace pour une branche de production nationale, elle peut prendre des mesures de sauvegarde qui sont, toutefois, limitées dans le temps. - Mesures exceptionnelles : Si l'Algérie souhaite protéger des industries naissantes ou des secteurs en restructuration ou en difficultés elle peut majorer le droit en vigueur sur les produits impliqués de 25%, sous certaines conditions. Ces mesures sont également limitées dans le temps.» Ainsi, l'interdiction qu'applique l'Algérie concernant l'importation de certains produits fabriqués localement est «une entorse réglementaire» que l'UE ne peut aucunement remettre en question, d'autant plus qu'elle a largement compensé les pertes induites par ces mesures de protection par les grands profits qu'elle a tirés de l'Accord depuis sa signature, contrairement à l'Algérie. H. G.