La région d'Al Hoceïma, au Rif, dans le nord marocain, est en ébullition depuis 8 mois. Des marches et des rassemblements pacifiques ont singularisé les actions du Hirak, sigle du mouvement contestataire, depuis l'assassinat de Mohcine Fikri le poissonnier écrasé dans une benne à ordure alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par un policier. Jusqu'au mois sacré, les manifestations nocturnes des rifains ont été couronnées par une sanglante répression le jour de l'Aïd quand des milliers de manifestants sont sortis dans la rue revendiquer la libération des détenus dont la liste ne cesse de s'allonger. Le même jour, «nous avons assisté à une vraie chasse à l'homme», témoignent plusieurs Marocains. La région d'Al Hoceïma, au Rif, dans le nord marocain, est en ébullition depuis 8 mois. Des marches et des rassemblements pacifiques ont singularisé les actions du Hirak, sigle du mouvement contestataire, depuis l'assassinat de Mohcine Fikri le poissonnier écrasé dans une benne à ordure alors qu'il tentait de récupérer sa marchandise confisquée par un policier. Jusqu'au mois sacré, les manifestations nocturnes des rifains ont été couronnées par une sanglante répression le jour de l'Aïd quand des milliers de manifestants sont sortis dans la rue revendiquer la libération des détenus dont la liste ne cesse de s'allonger. Le même jour, «nous avons assisté à une vraie chasse à l'homme», témoignent plusieurs Marocains. En effet, plus d'une centaine de personnes, selon des sources locales, ont été arrêtées jusque-là, commençant par les principaux leaders du mouvement. Les revendications socioéconomiques brandies haut et fort depuis le début du mouvement ont depuis quelques semaines laissé place au seul slogan de «liberté pour les détenus» du Rif. Autre victime de la répression, la corporation des journalistes. Les médias marocains font état de huit journalistes locaux arrêtés depuis le début, il y a 4 semaines, des manifestations sous leur forme actuelle (quotidiennes). Les rares journalistes marocains et étrangers encore sur place finissent par jeter l'éponge. Le 29 juin s'est ouvert le procès de 37 manifestans du Hirak dans la ville du Rif. À l'issue de la première audience, quatre personnes ont été condamnées. Parmi elles, le directeur du site local d'information Rif Presse, Mohamed El Hilali, rapporte les médias locaux. Ce dernier a écopé de cinq mois de prison ferme, précise la même source qui cite l'avocat et coordinateur de la défense des détenus du Hirak. El Hilali, qui compte faire appel de cette décision, ajoute-t-on, était poursuivi «pour insultes aux agents publics durant l'exercice de leur fonction», «manifestation sans autorisation préalable» et «exfiltration d'une personne faisant l'objet d'une enquête judiciaire». Trois autres manifestants ont été condamnés à des peines de 12 à 18 mois de prison. Dans le cadre de ce procès, cinq personnes ont bénéficié de la liberté provisoire, quatre personnes ont vu leurs dossiers classés tandis que 24 autres ont été renvoyées en prison, en attente de leur jugement, nous indique Rachid Belaali. Enfin, quatre mineurs également poursuivis par la justice ont été remis en liberté. Cette répression qui s'abat depuis quelques jours sur la population du Rif est inédite. Sans précédent. Elle «laisse présager un retour au passé répressif du Maroc», a analysé le quotidien américain The NewYork Times. Pour illustrer ses dires, dans cette analyse, le très influent journal américain rappelle qu'«à la fin des années 50 (...) Le prince Hassan II, futur roi et père de Mohamed VI a mené une répression militaire sanglante. Il a gardé une rancune tenace contre cette région, qualifiant ses habitants de sauvages dans un discours télévisé». A. B.