Une réflexion est engagée sur de nouveaux mécanismes à mettre en place pour développer le 7e art en Algérie. Le ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, qui en a fait l'annonce dans son allocution à l'ouverture, mardi soir dernier, de la 10e édition du Festival international d'Oran du film arabe (Fiofa-2017), arguera que la rue algérienne, comme le reste des peuples, a besoin d'un cinéma qui reflète ses préoccupations, avec un regard nouveau et sous des angles divers et variés. Mieux, le ministre réaffirmera la disponibilité de son département à recevoir des projets cinématographiques, à la seule condition qu'ils soient de qualité et traiteraient de sujets intéressant l'Algérien. Il en voudra pour preuve les soutiens, moraux et matériels, dont bénéfice le 7e art national et la culture d'une manière générale de la part du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et des pouvoirs publics. Faisant passer la charrue avant les bœufs, M. Mihoubi plaidera pour la collaboration entre les professionnels du cinéma arabe afin de réaliser des œuvres cinématographiques communes. «Nos préoccupations sont communes, tout comme nos aspirations et nos préoccupations. Nous devons exprimer ensemble tout cela par l'image et œuvrer à développer le cinéma arabe et lui donner la place qui lui sied sur la scène mondiale», dira-t-il, d'autan plus, soutiendra le ministre, que «le 7e art arabe fait face à de grands challenges notamment à la lumière des changements radicaux que connaissent les pays de la région». Créer une industrie cinématographique nationale, initier des coproductions arabes, jeter les ponts entre les cultures arabes et conquérir une place au soleil pour le cinéma arabe est certainement un projet grandiose. Mais sa concrétisation est une autre affaire, bien plus ardue qu'il n'y parait, pour différentes raisons. Il faut, d'abord, que ces pays regardent dans la même direction, politique et économique, ce qui n'est pas le cas. Ensuite, il faut que le 7e art y est bonne place, à commencer par le pays qui milite pour cette collaboration. Or, pour l'heure, on n'en est qu'aux effets d'annonces. Le ministre ne sera pas plus disert sur la nature, l'action ou la disposition de ces futurs hypothétiques mécanismes objet de la réflexion et qui devront contribuer, non à une relance, mais à la création d'une industrie cinématographique. Car, le cinéma ne se limite pas à faire des films - ce qui est en soit une industrie- ou à ouvrir des salles de projections, avec tous les investissements que cela entend. C'est une véritable filière industrielle, avec ses segments complémentaires et interdépendants. On ne peut en développer un au détriment des autres. Il faut investir dans la formation des métiers du cinéma, la promotion-distribution pour la nécessaire rentabilisation -le Retour sur investissement- des productions, la postproduction, le marketing-marchandising, l'équipement… Bref, une budgétisation conséquente. Dès lors, se pose la question des moyens que l'Algérie, avec la crise financière qu'elle subit, peut mettre pour la création d'une telle industrie, et donc son opportunité, surtout qu'avec le streaming, le Netflix et les films sur le web que la nouvelle génération a adopté, on ne peut miser sur la constitution d'un public de cinéphiles qui permettrait de rentabiliser les productions cinématographiques. A moins d'investir ce domaine de haute technologie, là c'est une autre question… H. G.