Alger s'apprête à accueillir, du 13 au 15 novembre prochain, les travaux d'un congrès international dédié à la prévention des risques professionnels. Une grande première dans le pays qui ne peut pas mieux tomber ! Le travailleur algérien, notamment dans les corps de métiers qualifiés d'éprouvants, est sûrement peu protégé. Dans des secteurs comme les travaux publics, le bâtiment, l'hydraulique, l'agriculture ou l'hygiène publique, les employés sont souvent mal équipés pour s'acquitter de leur besogne dans les meilleures conditions, ou des fois refusent eux-mêmes de porter les équipements de sécurité (casque, gants, souliers, masque…). Les normes de sécurité et d'hygiène sont généralement ignorées par les employeurs privés, majoritaires de cette sphère d'activités. Il fut un temps, l'Inspection du travail était très pointilleuse sur ces questions et effectuait des visites inopinées sur les chantiers pour débusquer les patrons indélicats et les poursuivre devant les juridictions compétentes pour graves négligences ou atteinte au code du travail. Depuis le début des années 1990, cette saine tradition s'est progressivement diluée, laissant le champ libre aux entrepreneurs d'interpréter les textes de loi à leur convenance. On appelait cela «flexibilisation» des lois du travail afin, soi-disant, de booster l'investissement et la création d'emploi. La crise multidimensionnelle qui plombait le pays durant cette décennie-là, a fini par perpétuer des pratiques condamnables qui exposent la vie de milliers de travailleurs à un danger certain. Résultats : les accidents de travail se multiplient. Payant seule les pots cassés, la Caisse nationale des assurances sociales (Cnas) est mise à rude épreuve. Le temps est venu de revoir un peu tout cela pour protéger les ouvriers et réduire la pression constante qui pèse sur l'assureur des salariés. Plus de 300 participants sont attendus à cette grande rencontre d'Alger, dont des experts, des institutions et des organismes nationaux et étrangers, avec l'ambition annoncée de «promouvoir la culture de la prévention et l'application de la législation inhérente à la sécurité et à la santé du travail», apprend-on des organisateurs. Aussi, l'occasion sera, bien entendu, offerte pour s'informer et échanger sur les nouvelles technologies et l'évolution des normes internationales en la matière. Ce congrès intervient opportunément avec la rentrée sociale et le débat en cours sur le projet du nouveau code du travail. Ses conclusions et autres recommandations seront très utiles pour les partenaires sociaux qui seront simultanément appelés à défendre les droits des travailleurs, et pour le gouvernement, garant de l'équilibre financier de la Cnas. Les attentes des salariés dans ce registre sont grandes et légitimes. La santé de l'entreprise étant intimement liée à celle de ses employés, ce serait judicieux d'accorder à ce lourd dossier toute l'importance nécessaire pour prémunir les milieux du travail contre les accidents et les maladies professionnelles. Le Premier ministre ne cesse de rappeler sa disposition au dialogue constructif pour, dit-il, «obtenir la confiance et l'adhésion de tous» au plan d'action de l'Exécutif. Et, l'implication pleine et entière des travailleurs est, à ce propos, très précieuse pour réaliser les objectifs de croissance et de développement fixés. Une économie forte a naturellement besoin de travailleurs en bonne santé, bien protégés et suffisamment motivés. K. A.