Constantine, à l'image de toutes les wilayas disposant d'aires de spectacles, a connu deux mois d'effervescence. Cela a commencé durant le ramadhan avec des soirées variées et s'est poursuivi en juillet au Zénith et au Théâtre de verdure, avec des affiches pratiquement identiques des remakes à vous dissuader. Des artistes repêchés à Timgad et à Djemila. La scène n'étant pas sortie des sentiers battus. En ces temps de vacances, l'animation nocturne a volé en éclat. Les familles préfèrent s'adonner aux promenades sur les hauteurs de la cité, plutôt que d'être enfermées dans une salle. Le chef-lieu affiche sa grande morosité. Même les vendeurs de glaces la ressentent. Une monotonie frappe la capitale de l'est : la canicule du jour influe sur l'état global du moral des citoyens. Ces derniers cherchent une brise. Les villes de l'intérieur suffoquent en pareille période. L'animation y est insignifiante, minime, dans ce microcosme festif. Les places publiques sont quasi vides pendant les soirées, à l'exception des déchets qui y sont jetés le jour issus des divers commerces à la sauvette. Les artistes ne se bousculent pas. Même les formations d'amateurs locales demeurent loin des feux de projecteur. Les gros budgets se consomment dans les festivals d'été. Que restera-t-il pour les troupes régionales ? Les artistes vivent de leur talent. Ils ne peuvent se produire à tout bout de champ pour la galerie. L'audimat constitue souvent pour eux un frein, il détermine leur rémunération en l'absence d'une enveloppe préalablement décidée. Les offices du secteur et les APC ne jouent pas vraiment leur rôle de connecteur pour ouvrir les espaces à toutes les initiatives. L'office communal chargé de l'animation culturelle et artistique aura épuisé sa grille et ses sous… à la faveur des ressources qui lui ont été allouées. Dur de coucher de plans d'action lorsque les élus accordent peu d'importance au créneau et, faute d'imagination et de vision globale sur les programmes pouvant aller de concert avec le vœu de la société, ce chapitre semble être ignoré. Jusqu'ici les spectacles ridés moyennant des budgets incommensurables ont brillé. Le paramètre lié aux dépenses est un sujet qui fâche. Les organisateurs l'évitent fût-ce pour établir des constats éclaireurs pour le futur. Dans ce tourbillon édicté par les finances, les artistes locaux tournent le dos à des expressions nocturnes. Ayant pris l'habitude de se produire dans des salles uniquement sur invitation, la plupart d'entre eux ne s'affichent pas au premier violon sur les places publiques. Le protocole et l'officiel pèsent dans leur esprit. Du coup ils étouffent ce genre d'initiatives. Sous d'autres cieux, des manifestations festives de haute qualité animent des villages et des municipalités excentrées loin des feux de projecteurs. La musique (jazz, blues, classique…) résonne partout en se démarquant des scènes traditionnelles. À Constantine, les sérénades ont perdu de leur éclat. De jeunes artistes amateurs qui s'amusaient il y a quelques années aux alentours de quelques cités durant l'été ont déguerpi. L'environnement devenu hostile à ce genre d'activités a fini par prendre le dessus sur le charme de la musique nocturne jouée sous les étoiles. Pourtant la ville du vieux rocher est dotée d'un capital intense d'interprètes. Ils préfèrent des illustrations en petit groupe à la lumière de la cité. Les places publiques ne respirent pas les arts à Constantine. Une situation qui profiterait aux espaces clos où les belles transactions s'élaborent sur le dos du contribuable. N. H.