Photo : Zoheïr Par Amar Rafa Le candidat à la présidentielle du 9 avril prochain, Djahid Mohamed Younsi, a exprimé des craintes quant à l'utilisation «inégale» des moyens publics et des médias lourds, otamment la télévision, ainsi que l'implication des trois partis de l'Alliance présidentielle, des huit organisations de masse et des syndicats dans la campagne électorale. M. Younsi a averti : «Face à la situation, la démarche sera graduelle. Si elle venait à dépasser les limites nous réunirons notre staff de campagne pour étudier les mesures à prendre.» En abordant le climat de précampagne électorale, lors d'une conférence de presse tenue hier au CIP, il a relevé les «largesses» dont bénéfice le peuple algérien, en déclarant son rejet de cette formule de persuasion visant à gagner les voix des Algériens. Il a, dans ce sens, appelé les Algériens à voter selon leurs convictions, et lancé un appel solennel à l'entreprise de la télévision pour plus d'«équité» dans la couverture des activités des candidats. M. Younsi a ensuite rappelé la mise en place de la commission nationale interne de préparation des élections, avant l'annonce de la décision du Conseil constitutionnel, composée de 85 cadres du mouvement et de l'extérieur, dont de nombreux cadres de la nation. Le candidat dira représenter toutes les catégories sociales, en prenant en charge les ambitions de la jeunesse, des simples citoyens, des entrepreneurs et de la gent féminine. «Je serai l'oreille attentive des demandes de la femme algérienne, musulmane, arabe et amazighe», a-t-il affirmé.En préambule à la présentation de son programme électoral, le Dr Younsi dira sans ambages : «Je ne suis pas là pour donner des leçons ou des instructions au peuple algérien. Je suis sorti du milieu de ce peuple, des quartiers populaires. Je ne suis pas le produit du hasard.» Il enchaînera en affirmant que son programme, qui vise à rassembler «les dénominateurs communs entre toutes les sensibilités politiques, s'adresse aux cadres désespérés, du fait des politiques qui ont échoué en dépit de la disponibilité de grands moyens financiers». Selon lui, ce désespoir politique a touché également des élites qui ont décidé de démissionner de l'activité politique. Il a indiqué que sa mission consiste à «lutter contre le phénomène du désespoir, en présentant l'alternative des politiques incohérentes pratiquées jusque-là». Il dira également présenter «une réelle alternative face à la faiblesse politique de nombre de partis, devenus sans identité politique». Le programme qu'il propose n'est pas étranger aux Algériens et est équilibré en ce qui concerne les constantes : redonner à l'islam la place qui lui sied dans la société. Il en est de même de l'arabité et de l'amazighité qu'il s'agit de promouvoir. A côté de cela, le candidat Djahid Younsi propose d'«ouvrir la société sur le monde pour le transfert de la technologie et des connaissances, et de cesser d'importer des gestionnaires comme on importait des usines clés en main». Pour lui, «la réconciliation nationale n'est pas un simple slogan ni un concept dénué de sens. Elle consiste à rendre justice à tout opprimé, et lui rendre tous ses droits sociaux et politiques». Et de poursuivre : «Il faut arrêter de patiner sur place et de faire un pas en avant et deux en arrière. Il faut aller à la réconciliation sans la mentalité de l'éradication.». En matière des libertés, il a plaidé pour plus de liberté d'expression. Il faut donner un agrément à tous les Algériens qui veulent créer des partis, à condition qu'ils jouissent de leurs droits civiques. Sur le plan économique, il dira encourager les investissements internes et externes en levant toutes les contraintes devant les investisseurs arabes. Axé aussi sur les jeunes, son programme prévoit de lancer un grand projet à travers une campagne nationale pour la création de centaines de milliers de pépinières de petites et moyennes entreprises, afin de permettre à tous les jeunes Algériens diplômés de s'organiser au sein d'entreprises. En réponse à une question, Djahid Younsi a affirmé que «l'état d'urgence n'a pas lieu d'exister parce qu'il est en contradiction avec la véritable démocratie». Il a estimé que «la Constitution et les lois en vigueur sont suffisantes. Nous n'avons pas besoin de plus de restrictions sur les libertés. Les institutions de l'Etat, l'armée et la Sûreté sont à même de faire échec à toutes les tentatives d'atteinte à la stabilité de l'Etat». Pour sa campagne électorale, il a affiché l'ambition d'animer des meetings dans 30 wilayas, indiquant que d'autres le seront par le staff de campagne et les bureaux de wilaya. Avec le slogan «Votre chance pour le changement», M. Younsi entamera cette série de rencontres par la wilaya de Blida.