De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar «Est-il vrai que le Festival international du film arabe va être délocalisé vers la capitale ?» C'est la question que se posent les Oranais et les inconditionnels du Festival du film arabe depuis quelques semaines déjà. C'est que des rumeurs ont couru depuis la dernière édition qui a enregistré certaines défections, mais aussi des velléités ouvertement déclarées pour la délocalisation de cette manifestation, sous prétexte de l'insalubrité et de l'incapacité d'Oran à accueillir des événements de telles envergure et importance. Selon de nombreux acteurs de la scène culturelle oranaise et responsables locaux, ces assertions dénotent en fait l'adoption par certains cercles de positions subjectives à l'égard de la capitale de l'Ouest. Mais au-delà de ces polémiques et surenchères quant à la capacité d'Oran d'accueillir et d'organiser des festivals et si on lui laisse faire, c'est toute une machine industrielle et surtout commerciale qui attend la décision finale. Certains citoyens de la ville, dont des élus et autres responsables, s'interrogent sur «cette attitude des responsables du secteur à déposséder Oran de ses principales activités et attractions touristiques et culturelles. Car il y a eu le précédent grave du Festival national de la chanson raï déplacé à cause de tel ou de tel responsable. Il y a également le grand retour du conservatisme qui prend en otage la ville multiséculaire d'Oran et qui tend à dévaloriser tous les grands repères identitaires et culturels de la ville», note avec amertume un éminent ethno-anthropologue de la ville. Cet état de fait a été ressenti par l'absence de tous préparatifs relatifs à l'organisation de la troisième édition du Festival international du film arabe dans la ville. A moins de quatre mois de la tenue, hypothétique, du festival, ni les réfections des salles de cinéma annoncées en grande pompe, et encore moins les préparatifs relatifs à la logistique n'ont été entrepris. C'est dire la légèreté avec laquelle les responsables locaux prennent l'événement. On nous signale à ce sujet que les arguments avancés pour le transfert du festival vers Alger sont les surcoûts relatifs au transport des invités de la capitale vers Oran. «Il a fallu louer un charter pour le transport des 150 invités du festival. Vous savez ce que coûte tout ça. Sans compter les hébergements et autres aspects du genre», note un organisateur d'événements culturels habitué à travailler en collaboration avec le ministère de la Culture. Cependant, on nous signale que le commissaire du festival n'est pas près d'accéder à cette demande de transfert. Mais peut-il seul s'opposer à une décision émanant de la tutelle ? C'est d'autant peu probable qu'il y a eu des précédents avec l'affaire du Fennec d'Oran annulé cette année, le transfert du Festival de Taghit vers Bousaada ou la délocalisation du festival Aïssaoua de Constantine vers Mila. De plus, la tenue du Festival panafricain concourt à confirmer cette issue pour le Festival du film arabe d'Oran. «L'axe central sur lequel s'appuie le Festival panafricain est sans doute le cinéma africain. Une fusion du Festival international du film arabe dans ce contexte et l'absence de nouvelles rassurantes sur le budget du Festival du film arabe d'Oran devraient profiter à cette thèse», note un spécialiste de la question.Et qu'en sera-t-il de la culture à Oran ? Les Oranais sont-ils voués à la déculturation quand partout on chante les vertus de la socialisation de la culture et sa promotion ?