Le cancer du poumon constitue l'une des principales causes de mortalité chez l'homme en Algérie. C'est ce qu'a révélé le docteur Ameur Soltane, lors des journées de formation tenues récemment à Ghardaïa. Selon ce spécialiste en oncologie, le tabagisme est responsable de 90% des cas de cancer du poumon. Le professeur Ziane Baghdad abordera l'épidémiologie et les conséquences du tabac en mettant l'accent sur le danger de la consommation de tabac qui, paradoxalement, ne cesse de diminuer dans les pays industrialises mais augmente considérablement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. En Algérie, la consommation de cigarettes est passée de 7 050 tonnes en 1965 à plus de 17 000 tonnes en 1995. Selon ce professeur, 15 000 décès liés au tabagisme ont été enregistrés en Algérie l'année dernière, dont 7 000 infarctus du myocarde, 4 000 cancers bronchiques et 2 000 insuffisances respiratoires. Le professeur Rezkellah de la médecine du travail a, pour sa part, présenté une étude menée dans les entreprises dans le cadre de la lutte antitabac et révélera que 45% de la population active fume. Parlant des dispositions réglementaires, notamment le décret 01 285 du 24 septembre 2001 fixant les lieux publics où l'usage du tabac est interdit et les modalités d'application de cette interdiction, le conférencier dira que les objectifs avoués par cette disposition sont de lutter contre le cancer, les maladies respiratoires et cardio-vasculaires. Pour ce qui est de l'étude, le professeur Rezkellah précisera que 25 à 30% des congés de maladie sont dus à des problèmes de santé liés au tabac. Et d'ajouter que 48% du personnel paramédical est fumeur. La chirurgie reste la seule alternative thérapeutique efficiente, fera ressortir le professeur Larbi dans son intervention. Ce praticien insistera sur le diagnostic précoce qui permet de prendre en charge le malade dans de bonnes conditions. Plus le diagnostic est établi tôt et plus le patient a des chances de guérir. De son côté, le docteur Ameur Soltane constatera qu'on fume de plus en plus jeune en Algérie, ce qui signifie qu'il y aura de plus en plus de cancers du poumon dans les prochaines années car les effets néfastes du tabagisme n'apparaissent qu'au bout d'une trentaine d'années. Dans ce sens, les intervenants font état de l'urgence de la mise en place d'un plan national de lutte contre le cancer avec un programme de lutte antitabac. Notons que la rencontre de Ghardaïa est la troisième du genre après celles de Boumerdès et de Sidi Bel Abbès organisées avec le soutien de l'OMS. Cette organisation avance des chiffres effarants sur le cancer, première cause de mortalité dans le monde et qui touchera 84 millions de personnes à l'horizon 2015. Plus de 12 millions de nouveaux cas de cancer ont été recensés en 2008 dans le monde, dont 30 000 en Algérie. R. S.