Photo : Riad De notre correspondant à Bouira Nacer Haniche Après le flambée des prix qui a touché depuis le début de l'année en cours la sardine et la volaille, et ce, sans que les consommateurs soient avertis ou informés des causes de ces augmentations, qui signifient plus d'érosion de leur pouvoir d'achat au moment où les discours officiels réclament l'amélioration des conditions de vie des populations, les marchés hebdomadaires ainsi que les commerce des fruits et légumes viennent d'enregistrer une autre hausse, celle du prix de la pomme de terre. Le week-end dernier, le prix du kilogramme affiché au marché de Bouira ville oscillait entre 55 et 60 DA, parfois même 70 DA dans certaines localités de la wilaya, ce qui a suscité les craintes de nombreux citoyens, qui n'ont pas gobé les arguments avancés par les marchands et se plaignent encore de l'absence de la régulation pour ce produit. Ainsi, une sensible baisse des prix avait été constatée au cours du dernier trimestre de l'année écoulée, après le déstockage de la pomme de terre récoltée l'été dernier. Selon les commerçants que nous avons interrogés, l'augmentation des prix est due à une faible récolte de la pomme de terre saisonnière, dont les agriculteurs ont augmenté le prix afin de compenser les dépenses inhérentes à l'achat des semences et d'engrais utilisés lors de la campagne de novembre dernier. Selon ces derniers, le prix de la semence de pomme de terre a atteint, au mois de septembre dernier, un seuil insupportable. Selon un ingénieur exerçant comme conseiller agricole au niveau de Bouira, le prix moyen du kilogramme de semence locale est de 30 DA et de 120 DA pour celle importée, ajoutant que le producteur qui désire une bonne récolte devra planter entre 25 et 35 quintaux par hectare. Les prix des engrais se sont également envolés pour atteindre 5 737 DA le quintal pour le NPK 3*15 commercialisé par Fertial (ex-Asmidal) d'Annaba et 5 740 DA le quintal pour le NPK 11.15 vendu par Profert Béjaïa, des engrais utilisés par dose de 15 quintaux par hectare. Les producteurs opèrent aussi des traitements fongiques contre le mildiou au moins deux fois par mois avec des produits dont le prix oscille entre 1 600 et 3 600 DA, des insecticides dont le coût par hectare varie entre 200 DA pour le Méthomyl et 800 DA pour le Karaté, des engrais foliaires tel que NPK 3*20 utilisé à une dose de 2 kg par hectare et dont le coût est estimé à 400 DA/ha, des apports en potasse dont le prix du litre (Baypotass Bayer) est de 850 DA. A ces frais s'ajoute une moyenne de 30 000 DA par hectare à dépenser pour le carburant et une somme de 14 000 DA pour l'irrigation d'un hectare. Notre interlocuteur dira qu'en plus de ces dépenses, la majorité des producteurs ne sont pas propriétaires des terres qu'ils cultivent. Pour cette catégorie, l'investissement dans cette filière nécessite la location de parcelles de terre. Le prix moyen de la location d'un hectare dans le périmètre irrigué de Aïn Bessem, situé à 25 km à l'ouest de Bouira, tourne autour de 55 000 DA. De plus, pour la rétribution des ouvriers, les agriculteurs déboursent en moyenne 14 400 DA pour deux ouvriers qui travaillent à raison de 600 dinars le jour pendant une durée minimale de 120 jours. Par ailleurs, chez les producteurs de pomme de terre, le mécontentement est à son paroxysme. Ces derniers sont montés au créneau au mois de février dernier pour exiger une enquête ministérielle suite aux décisions prises par les autorités compétentes à leurs doléances relatives à la mise en œuvre du Système de régulation des produits alimentaires à large consommation (Syrpalac). En effet, les grands producteurs de pomme de terre au niveau de la wilaya avaient exprimé leur désarroi face à ce dispositif dont les seuls bénéficiaires sont les organismes stockeurs privés. Ces agriculteurs ont estimé avoir été floués par ces opérateurs privés qui ont procédé à la vente de leur marchandise à des prix dérisoires et sans les avoir consultés au préalable.