En s'engageant dans la bataille de l'élection présidentielle, M. Djahid Younsi n'ignorait pas les difficultés auxquelles il devrait faire face durant la campagne électorale qui l'a amené dans la quasi-totalité des wilayas du pays. Il était donc évident que sa première expérience en tant que candidat à la magistrature suprême ne serait pas une sinécure. Ce que le concerné et les observateurs viennent de vérifier à travers les dix-neuf jours de campagne. Djahid Younsi, loin d'être un néophyte de la chose politique, avait la dure responsabilité de représenter un parti qui vit encore les répliques de la crise interne qui le secoue. Le mouvement El Islah peine, en effet, à retrouver sa véritable cohésion organique depuis le coup d'Etat fomenté contre Abdellah Djaballah, l'ancien premier homme du parti. L'ombre de ce dernier plane sur la moindre activité du parti. Elle s'élargit dès qu'il s'agit d'un rendez-vous électoral d'envergure avec son lot de spécificités et d'exigences. Pour sa première expérience en tant que candidat à la magistrature suprême, le candidat d'El Islah, M. Djahid Younsi, a sillonné presque tout le territoire national dans la perspective de convaincre les citoyens électeurs d'opter pour lui le jour du scrutin. En termes de mode d'emploi, le candidat Djahid Younsi avait du mal à entrer dans le vif de la campagne compte tenu de l'inexpérience de son équipe, mais aussi du lourd héritage du parti, appelé à surmonter les divergences qu'il couvait depuis plusieurs années. Il aura fallu quelques jours pour voir les populations se rapprocher de lui et effacer la triste image du premier jour de campagne qui a vu le représentant d'El Islah prêcher dans le désert à… Alger. L'adhésion des populations a pris, néanmoins, forme à mesure que le candidat multiplient ses sorties sur le terrain. Dans ce chapitre, Djahid Younsi semble avoir pris ses précautions. Objectif : ne pas vendre une mauvaise image concernant sa popularité. Il a privilégié pour cela la voie de la proximité là où il juge «faible» son ancrage politique et opté pour les meetings populaires dans des salles omnisports dans les villes ou il compte assez de militants et de fidèles, à l'image de Constantine et de Skikda. Une stratégie qui semble porter ses fruits dans la mesure où Younsi a pu marquer, au-delà des toutes considérations, sa présence dans la bataille électorale. La teneur de son discours électoral a été incontestablement dominée par les questions directement liées à la jeunesse et tout ce qui est charrié avec cette catégorie sociale, à savoir le chômage, le logement et le phénomène des harraga. Le candidat d'El Islah n'a pas effectué la moindre sortie sans évoquer le quotidien de la jeunesse, qui a été, selon lui, privée de toute perspective. Le discours de Djahid Younsi a été très compréhensible bien qu'il ait pour habitude de s'adresser dans la langue de la science dans les amphithéâtres de l'université. A l'adresse de la jeunesse, le docteur Djahid Younsi s'est distingué par la promesse de réduire à 6 mois la durée du service national. Concernant la politique globale qu'il comptait mettre en œuvre, le successeur de Djaballah à la tête d'El Islah a prôné, durant les dix jours de campagne le choix de la réconciliation nationale, qu'il souhaite prolonger en amnistie générale. Il a déclaré, à cet effet, que «l'amnistie générale doit être soumise à référendum pour que le peuple tranche sur cette question». A. Y.