Que peut faire l'Union africaine devant ce qui se passe depuis le mois de janvier à Madagascar où la situation ne fait que s'exacerber ? Ses réunions se suivent sans pour autant apporter des solutions, comme c'est le cas pour d'autres conflits dans la région. L'UA, qui a déjà, par le biais de son Conseil de paix et de sécurité, condamné toute prise illégale du pouvoir à Antananarivo, l'a encore fait hier. Mais cela n'a pas empêché le coup d'Etat, spectaculaire d'hier d'être organisé. Les militaires ont fini par investir les bureaux de la présidence dans le centre d'Antananarivo et «précipiter le départ» de Ravalomanana, qui a démissionné après sept ans de règne. Elu démocratiquement en 2002, après plusieurs mois de troubles et 23 ans de règne sans partage du régime de Didier Ratsiraka, Ravalomanana a été obligé de démissionner. Il a été poussé à le faire sous le silence -pour ne pas dire la complicité- des Occidentaux, pourtant connus pour être des donneurs de leçons en matière de démocratie. Une contestation populaire a fini par se transformer en crise politique majeure chez les Malgaches. Pillages et émeutes ont en effet meublé leur quotidien depuis fin janvier dernier. Face aux tentatives de l'UA d'éviter le renversement du gouvernement -des tentatives qui ont finalement échoué-, les Occidentaux et l'Organisation des nations unies ont plaidé dès le début de la crise pour un dialogue entre les deux parties, dont l'une a été élue démocratiquement tandis que l'autre n'a fait que se placer dans l'opposition, sans programme aucun, sans propositions et sans véritable parti politique, juste une ambition effrénée d'un maire, celui de la capitale, Antananarivo. Appeler au dialogue entre qui et qui ? En d'autres termes, les Occidentaux n'ont fait que jeter de l'huile sur le feu. Au lieu d'appeler au respect du choix du peuple, puisque le président malgache avait été porté au pouvoir par celui-ci, ils ont semé le trouble. Chose qu'ils ont déjà faite en Palestine en ne reconnaissant pas Hamas (choisi également par le peuple), ce qui a fini par provoquer une crise profonde en Palestine. Ce n'est pas une réaction nouvelle chez eux puisque leurs positions par rapport aux conflits qui ont secoué l'Afrique ces dernières années épousent leurs intérêts. La position est adoptée selon l'intérêt des Occidentaux et leurs alliés qui ne se soucient nullement du respect de la démocratie ou de la volonté des populations africaines. Certes, c'est la désillusion chez les Malgaches avec l'aggravation de la situation des populations les plus démunies, laquelle a conduit à l'apparition de troubles sociaux et politiques à travers tout le pays. Mais, ce n'est pas cette situation qui inquiète les Occidentaux. Des desseins se cachent en effet derrière leurs positions. D'ordre économique particulièrement. S. I.