C'est demain que s'ouvre à Maputo, la deuxième conférence des chefs d'Etat africains. Maputo s'apprête à accueillir le sommet de l'Union africaine, en vue de donner une nouvelle dynamique à un continent où subsistent maints conflits, souvent sanglants qui, depuis quarante ans, ont retardé le décollage de l'Afrique et épuisé la défunte Organisation de l'Unité africaine (OUA). Née officiellement l'an dernier à Durban (Afrique du Sud), lors du dernier sommet de l'OUA (le trente-neuvième), l'Union africaine, UA, cristallise les espoirs d'un continent, dont il faut bien convenir qu'il se trouve à la dérive et à la croisée des chemins. C'est en fait la conviction générale des dirigeants africains qui tentent de dépasser les différents blocages, en prenant enfin en charge directement, les multiples difficultés (notamment les guerres civiles) qui obèrent le développement de l'Afrique. Le continent n'a rien gagné aux interventions étrangères qui n'ont en fait jamais apporté de solutions à la mesure des attentes africaines. L'Afrique se libère en s'impliquant comme l'indiquait, récemment, le président sud-africain, Thabo Mbeki, lequel évoquant les accords interafricains, a déclaré «Ces accords indiquent que l'Afrique a fait des progrès sur les questions de paix et de stabilité qui sont cruciales pour le devenir du continent ». Thabo Mbéki, qui joua un grand rôle dans la définition du Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique, Nepad, cédera ce jeudi la présidence en exercice de l'UA à son homologue mozambicain, Joaquim Chissano. Le 2e sommet de l'Union africaine tire aussi son importance des élections qui vont doter les divers départements de l'UA de responsables appelés à mettre en oeuvre la nouvelle politique de développement du continent. Tout un chacun s'attendait à un duel acharné, pour le poste de président de la Commission africaine, entre les deux candidats en lice, l'actuel président intérimaire de l'UA, l'Ivoirien Amara Essy, et l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré. Ce duel n'aura finalement pas lieu, après le retrait surprise, et inattendu, de son candidat par la Côte d'Ivoire. Ainsi, il est maintenant acquis que le Malien, Alpha Oumar Konaré, inaugurera ce nouveau poste de président de la Commission africaine, charge qui fera de lui l'un des dirigeants africains les plus importants pour le devenir et la construction de l'Afrique. Selon un diplomate africain, en poste à Addis Abeba, siège de l'UA, lors «(...) d'intenses tractations politico-diplomatiques, les dirigeants africains semblent être parvenus à un consensus avant Maputo pour la candidature unique de M.Konaré». Une candidature unique réclamée en particulier par le président ivoirien, Laurent Gbagbo, lequel quelques jours plus tôt, avait critiqué indirectement la candidature de l'ex-président malien en déclarant «Nous sommes en train de dévaluer en Afrique le poste de chef de l'Etat (...). Quand on l'a été, on ne peut pas descendre dans les sphères inférieures», en proposant une candidature unique pour l'Afrique. Il a été écouté, mais ses pairs africains ont choisi M.Konaré, ce qui, sans doute, a motivé le retrait par Yamoussoukro du candidat ivoirien, M.Essy. Cependant, outre la présidence de la Commission africaine, promis à M.Konaré maintenant sans concurrent, le sommet aura également à élire le vice-président (le Rwanda et le Zimbabwe ont présenté deux candidats) et les huit commissaires (ces derniers devant être issus des cinq régions du continent). Le président, le vice-président et les huit commissaires constitueront l'ossature, en tant qu'administration permanente de l'Union africaine, l'Acte constitutif, ayant été ratifié par l'ensemble des membres de l'ex-OUA, les deux derniers retardataires, Madagascar et la Guinée équatoriale ayant envoyé leur instrument de ratification à la fin du mois de juin. C'est aussi le cas pour le futur Parlement africain, (consultatif) dont 19 pays, sur les 27 nécessaires à son entrée en vigueur, ont déjà paraphé le texte portant création de l'assemblée africaine. Toutefois, ce n'est pas aussi évident pour ce qui concerne le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine (CPS/UA), qui remplace l'organe central du mécanisme de prévention de gestion et de règlement des conflits, créé, rappelle-t-on, en 1992. Tous savent combien l'Afrique a besoin d'une telle structure, cependant, à vingt quatre heures de l'ouverture du sommet de Maputo, seuls 7 pays, dont l'Algérie, ont paraphé le document en question. Aussi, Maputo doit d'abord être le sommet de la confirmation d'une véritable prise en charge des problèmes de l'Afrique par les Africains.