Celui qui détient l'information détient le pouvoir. Un adage qui n'est plus à confirmer. Particulièrement en économie si l'on part du principe, maintenant largement admis, que c'est l'économie qui détermine le politique et donc les grandes décisions. Trois générations de réformes ont été initiées en Algérie. Elles ont porté très peu de fruits. L'aveu des différents ministres sur cet échec traduit en fait l'absence d'une stratégie globale pour l'économie du pays. Nous ne sommes plus dans la phase où les institutions de Bretton Woods nous mettaient le couteau à la gorge, même si elles continuent à «veiller sur nous» et à prodiguer des conseils aux décideurs. L'Algérie est présentement en mesure de prendre souverainement ses décisions en adoptant des stratégies à même de répondre aux besoins économiques du pays. Force est de constater que nous accumulons les échecs parce que ceux en charge des départements économiques font cavalier seul et répugnent à voir et à écouter autour d'eux. Tous les avis des experts, algériens surtout et dont la compétence en matière économique n'est pas à prouver, sont ignorés. Même si on leur fait appel à l'occasion de séminaires et autres grandes manifestations internationales, histoire de démontrer qu'on leur accorde tous les égards. On dirait que les vérités assénées dérangent les responsables qui opposent des chiffres, souvent non fiables pour étayer des arguments qui se révèlent infondés. Car, faut-il le rappeler, les données statistiques se sont souvent avérées erronées ou incomplètes. Le dernier exemple en date demeure le chiffre du recensement 2008. 35 millions d'Algériens, c'est ce que révèle l'ONS après l'opération d'avril dernier. Un chiffre qui devrait être revu à la hausse puisque les investigations sur le terrain ont révélé que beaucoup de familles n'ont pas reçu la visite des «enquêteurs locaux» et que les données sur les conditions de vie ne reflètent pas la réalité. Pourtant, l'importance des statistiques n'est pas à démontrer en ce sens qu'elles permettent aux décideurs de connaître l'état de la société et ses besoins dans différents domaines. A partir du moment où ils ne détiennent pas l'information, ils ne peuvent que spéculer. C'est valable surtout dans le domaine économique. Les grandes entreprises doivent leur succès à ce déclic qu'elles ont eu d'aller à la recherche de l'information concernant les concurrents, les besoins des ménages et de la société en général. Ce d'autant qu'en phase de mondialisation tous azimuts, l'erreur n'est pas permise. Elle est même fatale. Abdelhamid Temmar a reconnu sur les ondes de la radio nationale qu'il fallait absolument prendre des mesures pour protéger notre économie et notre production encore fragile et vulnérable. Parallèlement, il a insisté sur l'impératif de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, alors que notre pays importe plus de 60% de ce qu'il consomme et que la facture alimentaire ne cesse d'augmenter, pouvant atteindre, selon un expert agricole, les 15 milliards de dollars. Tous les responsables en charge de l'industrie du pays ont eu ceci de commun : ignorer le terrain et la réalité de l'entreprise algérienne qu'elle soit privée ou publique, parce que ne détenant pas l'information économique, ou l'information tout court. Aussi, organiser des séminaires pour discourir sur l'intelligence économique quand on est dans l'incapacité de détenir ou de fournir une information économique ne fera pas développer le pays. Car seule la maîtrise de l'information aidera les entreprises, mais aussi les décideurs à élaborer des stratégies pour faire face à la guerre économique F. A.