Si la crise désormais mondiale par ses effets concentriques souligne à gros traits la nécessité de grandes et profondes réformes dans tous les pays hautement industrialisés, les pays émergents ou pauvres sont sérieusement touchés, avertis, et certains, dont l'Algérie, ont pris sérieusement le pouls des économies mondiale et nationale. L'optimisme affiché par M. Ouyahia doit sûrement reposer sur des informations sérieuses, des expertises convaincantes et, à l'évidence, sur un volontarisme économique à toute épreuve. Avoir le pouvoir, c'est avant tout et parfois exclusivement l'exercer avec toutes les responsabilités que cela impose, qu'il pleuve ou qu'il fasse beau temps. Le Premier ministre sait de quoi il parle et à quoi il s'expose, à savoir tenir des engagements pris et mener le pays à bon port dans l'épreuve que traverse le monde. Or, des experts nationaux, aussi patriotes et aussi experts que ceux qui alimentent la réflexion gouvernementale, suggèrent non pas de tout effacer pour ce qui est du programme présidentiel qui va au-delà du troisième mandat, mais d'y apporter des ajustements et d'en différer certains volets. Cependant, si les thèses d'un groupe d'experts valent celles d'un autre groupe, l'enjeu n'est ni dans des ego d'égale valeur par ailleurs ni dans des propos qui seraient divins de part et d'autre. L'enjeu n'est ni plus ni moins que l'avenir dès demain et surtout celui des générations de l'après-pétrole. M. Ouyahia est parfaitement dans son rôle, comme le sont les économistes, les urbanistes, les spécialistes de l'agriculture, des IDE et de l'entreprise algérienne. Il apparaît évident, pertinent, et surtout pertinent, d'obtenir le consensus national économique le plus large d'où seraient exclus tous ceux qui s'y refusent, qui n'ont rien à dire à part «tout sauf Bouteflika» ou qui s'amusent à faire de la figuration en espérant quelques retombées financières. Dans ce décor national désormais planté dans la période post-élection présidentielle, dans l'espoir de voir se tenir une forme d'états généraux consacrés à la crise et à l'économie algérienne, il y a de bonnes nouvelles venues de Chine. Ce grand pays, archi-riche par des milliards de dollars qu'il détient, s'engage résolument en Algérie. Avec ce géant, des usines de montage de véhicules de tous gabarits seront opérationnelles dans le pays en 2009. Ce qui peut, avec juste raison, donner des regrets à de grands et respectables constructeurs européens qui continuent à voir le pays comme un simple comptoir déversoir de véhicules pas toujours conformes aux normes obligatoires dans l'UE. Le développement prévisible du marché automobile en Algérie doit donc être dans les cartons du gouvernement en termes de circulation et de parkings qui ne peuvent être que souterrains ou en hauteur dans tous les «coins noirs» de toutes les villes. Ce qui serait du point de vue économique et pour la santé publique un projet à maintenir, sinon à inscrire. Qu'en est-il dans les projets à maintenir, donc à financer par les pouvoirs publics, les entreprises publiques et privées, de la place qui doit revenir aux TIC et à l'EFC ? Selon le rapport 2007/2008 de la Conférence des Nations unies sur l'économie de l'information, il est signalé que «la révolution des TIC s'étend au monde en développement et ouvre la perspective d'un grand saut technologique qui contribuera à la modernisation rapide de l'économie des pays concernés». Là, il y assurément pour le gouvernement un chantier a priori consensuel qu'aucun expert proche ou loin de l'Exécutif ne pourrait contester. Un plan Marshall pour les TIC, l'EFC, la recherche et l'innovation au profit de l'entreprise, de l'économie et de la gouvernance, qui serait réservé ou contre ? A. B.