La crise alimentaire mondiale continue à animer les débats au niveau des experts et des institutions internationales. A chacun sa manière d'aborder la question qui devient de plus en plus préoccupante. D'autant qu'elle menace des populations entières, notamment en Afrique où l'on s'attend à l'aggravation de la pression urbaine avec 12 à 13 millions d'Africains qui risquent de quitter la campagne en raison des difficultés alimentaires engendrées par la hausse des prix des matières premières. Le phénomène de l'exode rural va ainsi en s'accentuant dans cette région de la planète où les défis à relever dans le cadre des objectifs du millénaire pour le développement (OMD) sont nombreux, notamment en Algérie. Avec la menace qui pèse de plus en plus sur les filières agricoles stratégiques, nombreux sont les agriculteurs à avoir rompu avec ce secteur en vendant carrément leurs terres au profit des entrepreneurs du bâtiment et en s'installant dans les villes. Car, faut-il le noter, la politique de développement rural lancée par le gouvernement est loin d'être appliquée de manière efficace sur le terrain. Même l'agriculture vivrière commence à disparaître dans nos campagnes, faute de moyens et face au manque d'eau. Il est donc difficile d'assurer la sécurité alimentaire dans ces conditions même si les caisses de l'Etat sont bien remplies avec la flambée des cours du pétrole. Il est temps donc de profiter de cette aisance financière pour rattraper le retard enregistré en matière agricole. C'est l'une des recommandations d'ailleurs de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) dans son rapport intitulé «Perspectives économiques africaines 2008», présenté hier à Paris. L'aisance financière «offre une importante marge de manœuvre aux autorités algériennes pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement [OMD]», souligne, en effet, ledit rapport. Autant saisir cette marge de manœuvre en boostant les secteurs productifs, à l'image de l'agriculture. Et ce, pour réussir à faire face, ne serait-ce qu'à moyen terme, aux fluctuations des prix des produits alimentaires sur le marché mondial et pour diminuer la dépendance de l'Algérie vis-à-vis des importations particulièrement pour le lait et le blé, deux produits fortement consommés en Algérie mais faiblement produits. D'où le recours, «parfois excessif», aux importations et aux subventions pour sécuriser les approvisionnements. Lesquels sont sécurisés du moins pour le blé grâce aux stocks constitués par l'Office interprofessionnel des céréales (OAIC) qui a aussi pour mission de réguler le marché. Or, cette mission semble être menée difficilement, puisque les spéculateurs réussissent toujours à sévir sur le marché national. Sécuriser sans sévir rigoureusement en matière de régulation risque d'engendrer des «effets indésirables». S. I.