De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le dénuement moral et matériel s'accentue pour atteindre les moins vulnérables de la société kabyle dont la génération actuelle découvre à son tour les affres de l'absence des moyens rudimentaires de vie alors qu'elle se croyait destinée à vivre dans le confort moderne des technologies et de la prospérité de l'économie grâce aux opportunités et aux potentialités humaines et naturelles nationales. La misère sociale se lit sur le visage de personnes de plus en plus nombreuses et qu'on rencontre tous les jours dans la rue (mendiants et SDF), et marque une étape nouvelle dans l'avancée de la pauvreté dans la région. Sa population possédait, jadis, des ressorts sociaux réglementés, parfois spontanés et temporaires de solidarité et d'aide aux démunis. Une catégorie qui avait toujours été prise en considération dans les décisions de «tajmaat» (assemblée du village) et avait sa part dans les biens communs. Les SDF et les mendiants, c'était à la télé ou au cinéma, mais pas dans les rues de Tizi Ouzou, encore moins dans les villages (même si dans ces derniers le phénomène demeure encore peu visible). Ces mécanismes sociaux sont ébranlés par des changements subis par la société locale qui peine à trouver des substituts à l'ancien modèle en raison des effets du modèle mondial dominant dans les médias. La misère est, aujourd'hui, aux portes de nos villages dont les populations assistent impuissantes à un défilé d'images qui rappellent pour les plus anciens les scènes de pauvreté absolue durant la période coloniale. Tizi Ouzou comptait à elle seule l'an dernier 37 SDF (dont 90% de sexe masculin) recensés dans les rares espaces publics, les préaux d'immeubles en construction, les cages d'escalier etc. par le Croissant-Rouge algérien (C-RA). Pour cette saison hivernale, on est en train de recenser les SDF pour leur venir en aide, selon M. Bouaziz, président du comité communal de Tizi Ouzou du Croissant-Rouge algérien, lequel a commencé cette tâche le 20 décembre dernier. Comme nous le constatons tous les jours depuis un certain temps, des SDF (une dizaine environ), notamment des femmes et des enfants, passent la nuit à proximité des commerces de la gare routière de la ville. Leur choix de ce site s'explique par les restaurants et gargotes qui travaillent 24h/24 ou ferment très tard, ce qui assure une certaine protection et sécurité aux SDF dont la majorité serait originaire des bidonvilles qui se trouve à l'entrée est de Tizi Ouzou. M. Bouaziz affirme que beaucoup de ces SDF sont réticents pour un placement dans un centre d'accueil, tel le centre d'accueil pour personnes âgées. Comme partout dans le monde, les organisations de secours et de bienfaisance font face au refus de cette frange marginale qui préfère les déboires et les duretés de la rue au confort des centres d'accueil et acceptent rarement qu'on leur porte aide sur les lieux de leur choix. Le Croissant-Rouge de Tizi Ouzou entamera incessamment l'opération de distribution de repas et de couverture aux SDF des poches recensées et des rues du chef-lieu de cette wilaya.