La crise touche le MotoGP comme tous les sports mécaniques et les premières mesures adoptées pour 2009 seront encore plus drastiques, en 2010, avec un objectif : réduire de moitié les coûts techniques et les salaires des pilotes. «Nous avons déjà adopté les mesures nécessaires pour réduire les coûts de la compétition sans affecter le spectacle, et même si la situation économique venait à s'améliorer plus vite que prévu en 2009, nous ne changerions pas les mesures prévues», a déclaré Carmelo Ezpeleta, le patron de la Dora, société organisatrice du championnat MotoGP, qui se félicite, par ailleurs, d'une «augmentation de 15% de la couverture télévisuelle» de la compétition phare en motocyclisme de vitesse. Le passage cette année au manufacturier unique en pneumatiques a déjà permis de réduire de 20% les coûts techniques pour les écuries qui ont moins d'essais à faire (la séance du vendredi matin a été supprimée et les autres sont réduites de 25 minutes) avant et après la course. De plus, dès la fin de la saison, elles se limiteront, dès le Grand Prix de Brno (République tchèque), à cinq moteurs pour les sept dernières courses. En 2010, les pilotes ne disposeront plus que d'une moto au lieu de deux (suppression du «mulet» qui permettait de poursuivre les essais après un accident) et les écuries devront se contenter de six moteurs pour les 18 Grands Prix, soit une moyenne d'un moteur pour trois courses, une limitation encore plus drastique qu'en F1 où les pilotes auront huit moteurs. «Ces mesures réduiront les coûts techniques de 40%, estime Hervé Poncharal, le président français de l'association des patrons d'écuries (IRTA). L'autre poste, sur lequel nous n'avons pas pu jouer cette année, c'est celui des pilotes. Et là, les salaires seront réduits de 50%, sauf pour Valentino Rossi qui a signé jusqu'en 2010. Le dernier poste, la logistique, sera revu à la baisse aussi mais pour les petites écuries indépendantes, qui ont déjà réduit au maximum leurs dépenses, il n'y aura pas grand-chose à gratter dans ce secteur. Tout cela se fera sans impacter le show. Au contraire, nous espérons passer à 20 pilotes qui seront plus à égalité de chances», ajoute-t-il. La dernière révolution, ce sera le MotoGP2 c'est-à-dire la suppression de la catégorie des 250 cc deux temps, trop coûteuses, remplacée par des 600 cc quatre temps, prévue pour 2011. «On veut les mettre sur la piste le plus vite possible. Pourquoi pas dès 2010 car les courses seront plus serrées pour un coût cette fois plus que divisé par deux. C'est la volonté de toutes les équipes. Jusqu'à présent, c'était les constructeurs qui s'opposaient à tout changement ; désormais ils poussent à la roue», affirme Poncharal. Honda et Suzuki avaient failli quitter le MotoGP cette saison ; Yamaha a réduit son budget et trouvé de nouveaux sponsors pour l'aider ; Kawasaki a renoncé à son écurie d'usine, laissant son prototype et son pilote vedette (Marco Melandri) à une écurie privée. «On souffre, comme les autres sports mécaniques, mais il faut se servir de ce tsunami économique et financier pour se remettre en question et sortir plus fort de la crise», conclut Poncharal, toujours optimiste.