«Votre 9 avril est notre Mai 1945. Il nous appartient de retrouver les chemins de notre 1er Novembre.» C'est la conclusion à laquelle est parvenu Saïd Sadi, président du RCD, à l'issue de l'élection présidentielle du 9 avril dernier.Le chef du Rassemblement pour la culture et la démocratie a tenu une conférence de presse, hier en son siège à Alger, essentiellement pour contester les résultats officiels du scrutin et dénoncer «un P/APC de la capitale qui mène un commando contre un siège de parti».Avant l'entame de la conférence de presse, le président du RCD a commenté une vidéo enregistrée la veille par la caméra de surveillance du siège national du parti sis à El Biar. Elle montre clairement le maire de l'APC d'Alger centre, Tayeb Zitouni, en compagnie d'un de ses adjoints, descendre de sa voiture pour observer des jeunes qui ont tenté d'arracher le morceau de tissu noir qui flotte sur le mur de clôture du siège du parti. «C'est la première décision de Bouteflika», a-t-il ironisé avant d'entrer dans le vif du sujet. Pour lui, il n'y a pas «plus de 25% de participation» lors de la présidentielle de jeudi. Pour preuve, le Dr Sadi a expliqué que ses militants ont effectué un sondage dans plusieurs wilayas du pays. Pire que cela, a-t-il ajouté, «dans certaines régions, les éléments des corps constitués ont voté deux fois». «En Kabylie, tous les corps constitués ont voté deux fois, y compris les militaires stationnés dans les camps de toile», a-t-il avancé, tout en précisant que «les maires de l'opposition ont été empêchés d'entrer dans les centres de vote, pris en charge par les chefs de daïra et les services de sécurité».Sur le plan international, «cette mascarade va coûter cher au pays car chaque faux bulletin sera payé cash par ceux qui accepteront de recevoir Bouteflika», a dit Saïd Sadi, qui évoque «une dégradation de la crédibilité de l'Etat» à l'étranger et parle en même temps «d'humiliation nationale». Plus que des accusations, le chef du RCD fait des propositions. La première consiste à déposer plainte contre plusieurs responsables. «Dans l'immédiat, le RCD engagera en tant que personne morale toute une série d'actions en justice contre le chef de l'Etat pour avoir violé à plusieurs reprises la loi électorale (…) et contre ceux qui l'ont soutenu et qui se sont rendus coupables de discours répréhensibles ou d'actes délictueux à l'instar du Premier ministre, de l'animateur de la radio Chlef ou du P/APC d'Alger centre qui devront répondre de leurs méfaits devant la justice», déclare le député, qui avoue qu'il ne «se fait pas d'illusions» quant à l'issue de ces plaintes, mais veut un acte symbolique.L'autre proposition faite par le président du RCD concerne un appel à l'union. Plus que pour les appels précédents, l'orateur ne pose que deux préalables : s'éloigner des «compétitions claniques, refuser la violence et admettre le principe de l'alternance basé sur la seule volonté populaire». Sadi dit n'exclure personne, à commencer par le FFS. Il a justifié cet appel parce que, a-t-il précisé, «Bouteflika n'est pas venu pour régler les problèmes, mais uniquement pour durer au pouvoir». A. B.