De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali à quelques jours du mois de Ramadhan, le traditionnel phénomène de la rétention de certains produits alimentaires ne semble pas avoir fait son apparition à Oran et les ménages n'éprouvent aucune difficulté à faire leur marché, si ce n'est celle d'ordre financier. Car, en revanche, les prix ont, d'ores et déjà, enregistré une hausse substantielle et beaucoup s'attendent à un mois de septembre éreintant pour la bourse : «Le poulet qui était proposé à 210 dinars le kilo vaut aujourd'hui 260 DA et les vendeurs prévoient même qu'il atteigne ou dépasse les 400 DA durant le mois de Ramadhan», s'effraie un père de famille rencontré dans le marché de Sédikia, dans l'est de la ville. Les légumes qui, comme la pomme de terre ou la tomate, étaient cédés à 25 et 15 DA sont aujourd'hui négociés à 35 et 30 DA : «Cela n'augure rien de bon pour les jours à venir», estime le même père de famille qui affirme n'avoir aucune confiance dans les assurances des pouvoirs publics : «A chaque veille de Ramadhan, ils assurent maîtriser la situation mais dès que les choses se gâtent, il n'y a plus personne.» Il est vrai que jamais les garanties de l'Etat quant à la disponibilité et au soutien des produits ni les appels de l'UGCAA à la solidarité n'ont eu une quelconque influence sur les prix exorbitants pratiqués lors des précédents Ramadhans. On se souvient même de l'inconcevable prix de la pomme de terre qui, l'année dernière, avait dépassé la barre des 100 DA le kilo… à Mascara même, wilaya productrice du féculent par excellence. Dans une réunion, organisée jeudi dernier à la Munatec d'Oran par le bureau de l'UGCAA, les mandataires ont, en partie, attribué cet état de fait au circuit informel qui, selon eux, commercialise presque la moitié des fruits et légumes provenant des Halles centrales. Les mandataires estiment qu'une intervention énergique de l'Etat serait salutaire pour une meilleure maîtrise des coûts, particulièrement à l'approche du mois de Ramadhan. La direction du Commerce a, de son côté, insisté sur le fait que toutes les mesures ont été prises pour l'approvisionnement et la régulation du marché des fruits et légumes, et rappelé que des sanctions seraient prises contre tout commerçant coupable de rétention de stock. Il reste que presque les mêmes dispositions sont prises à la veille de chaque Ramadhan sans que les Algériens en voient les effets sur le terrain. Et, du moins sur cet aspect, rien ne dit que le Ramadhan 2008 sera différent des précédents.