Photo : Riad De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La wilaya de Béjaïa accuse un retard notable en matière de développement. Le constat est largement partagé à ce sujet. Les citoyens et l'administration publique s'accordent, pour une fois, sur cette réalité amère. De nombreux appels émanant de la société civile et des responsables locaux ont été lancés ces dernières années en direction des autorités centrales pour bien considérer cette situation. A la lenteur d'exécution des chantiers lancés dans l'infrastructure de base s'ajoutent des contraintes multiples en matière de promotion des investissements privés. Lors de sa récente visite dans la région, le président de la République avait évidemment relevé la justesse des revendications formulées à cet égard. «Les gens à Béjaïa rencontrent des problèmes liés à l'argent, au chômage, au logement, à la santé, au gaz naturel, à l'eau, à l'électricité et aux infrastructures routières», avait-il résumé en annonçant, dans la foulée, «un programme spécial» qui sera incessamment mis en œuvre pour absorber ces déficits. «L'argent existe. Est-ce que vous avez des entreprises locales suffisamment compétentes pour relever ces défis ?» a-t-il interrogé, en incitant les entrepreneurs locaux, les élus de la région et les autorités territoriales à se secouer dans cette perspective. Une quarantaine d'opérateurs réunis au sein de la CAP, des experts et des consultants en la matière, des membres de la société civile et des représentants de l'Etat ont organisé dernièrement une rencontre informelle pour définir des priorités et tracer des perspectives communes dans ce sens. Tous les participants à ce forum se sont entendus sur «la nécessité d'insuffler une dynamique nouvelle afin de redresser une économie locale mal en point». Le réseau routier, l'habitat, l'urbanisme, le gaz de ville, la gestion des villes, l'encouragement de l'investissement et la création d'emplois sont autant d'impératifs évoqués à cette occasion. L'accent a été notamment mis sur le rôle qui devrait incomber aux différents partenaires. Les pouvoirs publics, les promoteurs privés et les institutions financières ont été sommés de jouer correctement «leurs partitions» pour créer la symbiose qui leur fait actuellement défaut. La transparence dans la passation des marchés, le respect rigoureux du cahier des charges, la simplification de l'accès au crédit et la résolution de l'épineux problème du foncier sont autant de préalables à cette osmose tant souhaitée. Il s'agit d'initier une nouvelle approche de travail qui institue des relations fiables et transparentes entre les différentes parties concernées dans le respect absolu des lois en vigueur. Les membres de l'exécutif local, les élus et les opérateurs économiques semblent disposés à œuvrer de concert pour lever toutes les contraintes susceptibles d'entraver la bonne marche des projets d'intérêt général, impatiemment attendus par les usagers et les populations locales. Durant la période s'étalant de 2001 à 2004, en raison d'un contexte régional particulièrement agité, la wilaya de Béjaïa a accusé un grand retard dans la réalisation des plans publics d'équipement qui touchent des secteurs névralgiques comme l'habitat, les infrastructures de base ou les travaux publics. Ce manque à gagner a, ensuite, négativement influé sur les différents programmes du quinquennat 2004/2009. Il faut rappeler à ce sujet que Béjaïa a bénéficié, de 1999 à 2009, d'un programme d'équipement déconcentré de l'Etat de l'ordre de 120 milliards de DA. Des projets qui restent, pour l'essentiel, toujours en chantier ou non encore lancés. Rien que pour l'exercice 2009, une dotation de 10,8 milliards de DA a été attribuée à la wilaya au titre de son budget d'équipement annuel. Cette enveloppe, qui vient en complément de la dotation couvrant le quinquennal 2005-2009, est destinée à financer, d'une part, les programmes neufs à concurrence d'un montant de 6,5 milliards de DA et, d'autre part, à assurer les réajustements (réévaluations) requis par les anciens programmes pour un montant de 4,3 milliards de DA. Sa répartition, qui couvre tous les secteurs, bénéficie aux infrastructures administratives (2,05 milliards de DA), aux routes (1,8 milliard de DA), à l'éducation et la formation (1,44 milliard DA). Quant aux PCD, c'est un programme de 420 projets qui a été arrêté, représentant un investissement estimatif de 1,85 milliard de DA. Dans l'attente de tous les détails techniques du «plan spécial de rattrapage» promis à la wilaya, il est primordial de réformer les mentalités et les méthodes de travail en cours pour se mettre, vraiment, au diapason des aspirations et des ambitions affichées par les citoyens de la région. Tous les acteurs (publics et privés) doivent impérativement prendre conscience de leurs tares respectives pour ne pas compromettre l'avenir de la région.