Après l'investiture, place au travail. Un travail de longue haleine attend en effet l'équipe que désignera le président de la République pour chapeauter les dossiers économiques et mener à bon port les projets annoncés dans une conjoncture économique mondiale particulière. La crise, qui touche actuellement différents pays, est un facteur qui vient compliquer la tâche des décideurs économiques. Le chef de l'Etat l'a bien dit dans le discours prononcé à l'occasion de son investiture. «Nous vivons dans un monde en crise menacé […] par la profonde crise financière qui affecte l'économie mondiale, mais qui nous touche également au même titre qu'elle touche l'ensemble des pays du tiers-monde», avait-il déclaré. Une déclaration presque similaire a été faite dans d'autres circonstances. Avant même qu'il n'annonce sa candidature pour un troisième mandat, et avant même qu'il n'annonce la révision de la Constitution, Abdelaziz Bouteflika avait, à maintes reprises, averti quant à l'impact de la crise économique sur l'Algérie. Au moment où les membres du gouvernement multipliaient les assurances affirmant que «l'Algérie est à l'abri de la crise», le Président avait avancé : «Si les prix du pétrole continuent à baisser, ça sera la catastrophe.» Cela se vérifie aujourd'hui : on frôle la catastrophe. Et pour cause, les importations durant le premier trimestre de l'année sont en hausse de plus de 10% par rapport à la même période de l'année dernière alors que les exportations sont en baisse de plus 42%. Ce qui s'est traduit par une chute de l'excédent de la balance commerciale à 1,32 milliard de dollars, contre 9,99 milliards de dollars pour la même période 2008, et un taux de couverture des importations par les exportations de 114%, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques. C'est la première fois depuis quelques années que l'excédent commercial enregistre une baisse aussi importante. D'où l'urgence de diversifier l'économie. Le Président avait appelé à l'édification d'une économie productive et diversifiée. Il a encore réitéré cet appel dimanche dernier à l'occasion de son investiture. Même si, dans son discours, il n'y a pas eu de changement dans les orientations économiques par rapport aux instructions données vers la fin de son deuxième mandat, la nécessité d'améliorer la gestion est mise en exergue. Au-delà de l'adaptation du cadre de fonctionnement de l'économie aux nouvelles réalités et de la modernisation des infrastructures économiques, comme l'a noté le chef de l'Etat, il y a lieu d'opter pour la prudence et la planification. «Elever le niveau de rigueur dans la gestion et son suivi, développer l'initiative et la vision prospective sont les conditions des progrès attendus», a souligné Bouteflika. Une manière d'avouer que la planification et l'anticipation font cruellement défaut en Algérie. On s'attend, dans ce cadre, à que le Commissariat général à la planification et à la prospective (CCGP) joue pleinement son rôle. Faudrait-il aussi être prudent dans les prévisions économiques et dans le choix des partenaires ? Et ce, d'autant que Bouteflika s'est engagé à poursuivre l'ouverture à l'investissement étranger. Les experts n'ont d'ailleurs pas manqué d'appeler à cette prudence. «Il est important de se positionner sur les marchés, mais il faut désormais faire attention. Le choix des partenaires doit être bien étudié. Il ne sert à rien de s'engager avec des entreprises qui risquent de tomber en faillite», a noté Brahim Gacem, économiste et l'un des principaux animateurs de la cinquième édition du Forum international des finances (FIF) invité dimanche au forum d'El Moudjahid. S. I.