L'élection présidentielle de jeudi dernier n'est manifestement pas près de s'achever de sitôt. Encore moins d'être consommée par les candidats adversaires du président qui ne mâchent plus leurs mots, faisant usage d'une lourde artillerie sémantique, mais pas forcément à la portée escomptée, pour mitrailler sans retenue une organisation des joutes électorales qu'ils disent à l'origine de leurs maux et déceptions de lendemains de scrutin. Taux de participation bruyamment contesté et revu sensiblement à la baisse, victoire d'élu également contestée pour le nombre impressionnant des voix dont les chiffres officiels l'escortent, dépassements signalés par ci et par là et bien d'autres «dérives» classés dans le registre d'une «fraude» devenue thème commun d'une campagne d'après présidentielle qui tranche à bien des égards, sans pour autant surprendre l'opinion publique, avec le discours d'il y a à peine une semaine. On est déjà loin, en effet, de l'effervescence qui prévalait à la veille des élections et de cette ambiance de conviction partagée que les candidats adversaires du président se déployaient sans répit à déverser à flots ininterrompus sur les foules qu'il fallait prémunir de l'abstention et du risque encore plus dangereux qu'est la contagion. Loin, comme à des années lumière de ce «les jeux ne sont pas faits, il faut aller voter» qui résonnent pourtant encore très fort dans cette partie de l'histoire encore toute fraîche d'une campagne électorale ayant choisi de faire de la guerre à l'abstention une priorité. Sa priorité. Les candidats n'ont certainement pas opté pour la mauvaise voie en investissant une bonne partie de leur capital marketing de campagne électorale dans la promotion du devoir et droit contenu dans l'acte de voter. Bien au contraire, l'appel au vote massif s'était vite imposé comme une entreprise primordiale chez chacun des candidats et, du coup, cet objectif a vite fait de provoquer comme une cause commune qui pouvait unir tous les adversaires dans une bataille où chacun voulait battre l'autre. Autrement dit, si aujourd'hui un parti boycotteur invétéré comme le FFS peut se permettre de remettre en cause toutes les statistiques des élections, quelle que soit l'importance et quelle que soit l'ampleur de ces élections, après avoir maintenu sa position, toujours la même, inchangeable et inaltérable, le discours de certains candidats à la présidentielle 2009, souffre bien de discordance lorsqu'il s'agit de lui chercher une certaine cohérence de position et de quête et conquête d'une majorité d'électeurs à dissuader de rester ainsi jusqu'à l'acte dans l'isoloir. L'incohérence est d'autant plus injustifiable chez des candidats qui avaient menacé de se retirer des élections quelques jours avant son achèvement et qui ne sont jamais allés jusqu'au bout de leurs menaces. Pourquoi ne l'ont-il pas fait ? Pourquoi ont-ils préféré rester et jouer à ce même jeu qu'ils avaient soupçonné et qu'ils se remettent à soupçonner aujourd'hui après y avoir pris part ? Il y a des situations où l'on a un peu tort et un peu raison même si l'on croit avoir totalement raison. L. I.