Décidément les chemins de Djahid Younsi, secrétaire général du mouvement El-Islah, et ceux de son ancien patron Abdallah Djaballah qu'il a réussi à détrôner ne se rencontreront jamais. Sitôt le refus du frère-ennemi de prendre part à l'élection présidentielle du 9 avril prochain signifié, Djahid Younsi s'est empressé d'annoncer sa décision de se porter candidat. Et en bon opportuniste politique, il a attendu à ce que l'échec des tentatives entreprises ces derniers mois de resserrer les différents partis islamistes pour mieux peser dans les joutes électorales qui s'annoncent soit consommées pour faire part de son intention de s'engager dans la bataille. Le jour de l'annonce de sa candidature, il ne s'est pas fait prier pour brocarder Abdallah Djaballah en assurant qu'il n'est pas adepte de “la politique de la chaise vide et celle de l'autruche” et que son parti “ne croit pas aux positions négatives et à la désertion du terrain”. Et pour avoir les faveurs de tous les courants de la grande famille islamiste, il s'est engagé à “consacrer les constantes nationales, à consolider les fondements civilisationnels et à protéger les symboles nationaux contre toute atteinte”. Il a également promis de veiller “à conférer à l'islam l'enseigne qui lui sied (…)”, d'œuvrer au “parachèvement du processus de la réconciliation nationale (...) et la prise en charge des victimes de la tragédie nationale”. Mieux encore, il s'est déclaré favorable à “l'amnistie générale si elle servait l'objectif escompté”. Reste à savoir si la candidature de cet islamiste sans carrure n'est pas suscitée par certains cercles du pouvoir après l'échec de leurs démarches auprès de Abdallah Djaballah pour le convaincre de participer à la présidentielle d'avril prochain. Ce n'est pas exclu surtout qu'une présence de tous les courants politiques et idéologiques qui traversent la société algérienne est de nature à conférer une certaine crédibilité même de façade à une élection présidentielle dont les jeux, aux yeux de certains comme Abdallah Djaballah d'ailleurs, sont faits depuis la révision constitutionnelle du 12 novembre 2008. En acceptant de jouer le rôle de lièvre destiné initialement à son grand rival, Djahid Younsi escompte certainement un retour de bâton de la part d'un pouvoir qui a la réputation d'être trop large avec ses partenaires. Le statut de présidentiable est de nature aussi à lui ouvrir bien des portes. Le grand perdant de ce qui s'apparente à un marchandage de l'ombre serait Abdallah Djaballah qui ne manquerait peut-être pas de faire les frais de son acte de lèse-majesté. Sa mort politique définitive serait-elle la dote de cette sainte alliance scellée entre un Djahid Younsi en quête d'une stature et un pouvoir pris au dépourvu par “la grève de candidatures” pour la prochaine présidentielle ? Arab Chih