La mise en œuvre d'un programme politique nécessite un exécutif aussi compétent qu'efficace, des instruments administratifs et économiques aussi souples qu'opérationnels. C'est à ce titre que Bouteflika a déclaré dans son discours d'hier qu'il veillera personnellement à «l'accélération de la modernisation des services publics, [à] la rationalisation de leur organisation, [à] l'optimisation de leur gestion». Il a annoncé dans cette perspective «une nouvelle répartition des pouvoirs publics fondée sur une décentralisation plus poussée […] qui devra être effective en mettant strictement en cohérence les missions assignées et les moyens dévolus.» Cependant, Bouteflika estime qu'«une décentralisation devra aussi prévenir les risques de dérives. Dans ce but, elle aura à s'accompagner d'instruments de contrôle efficients en veillant à ce qu'ils ne constituent pas des freins à l'initiative». Il précise que «cette décentralisation devra s'accompagner d'une implication civique large et responsable, donnant toute sa portée au contrôle populaire. L'Etat, pour ce qui le concerne, renforcera, à travers notamment les programmes éducatifs mis en œuvre, son action en vue de promouvoir et de développer la conscience citoyenne et la culture civique parmi la jeunesse». Il s'agit là d'une annonce officielle d'un nouveau découpage administratif qui ne peut se limiter à la création de nouvelles wilayas et/ou de wilayas déléguées. Mais bien plus. S'agit-il de la mise en œuvre du projet de régionalisation qui a suscité un long débat depuis 1990 et a fait couler beaucoup d'encre ? Si le président de la République prévient contre les «risques de dérives», c'est que le projet est nouveau et doit aller au-delà du découpage administratif classique. Le maillage du territoire national par des unités administratives légères et de proximité sous forme de cercles concentriques allant de la commune à la wilaya déléguée, à la wilaya et à la région, est de nature, en effet, à bouleverser les habitudes et à favoriser une meilleure gestion, une meilleure identification des besoins, une meilleure formulation des réponses, une plus grande maîtrise des projets et un meilleur contrôle aussi bien par la société civile que par l'Etat. La région qui sera donc définie en fonction d'une série de critères d'ordre sociologique, économique et culturel englobe un nombre de wilayas homogènes dans leur configuration et dont l'objectif est la réalisation d'une intégration économique. Dotée d'une assemblée régionale élue au suffrage universelle, la région disposera de moyens financiers et humains et d'une certaine autonomie dans l'élaboration de son programme, ce qui devra lui permettre de réaliser son développement propre en harmonie avec le plan de développement national. Cette option est de nature à libérer les énergies potentielles qui sommeillent dans l'anonymat et l'oubli, à encourager les initiatives locales sur tous les plans et favoriser une mise à niveau de toutes les régions du pays notamment la fin de l'isolement, du marasme et de le mal-vivre qui nourrissent le désespoir chez les franges les plus fragiles de la société, la jeunesse. Mais au-delà, la régionalisation, synonyme de développement, pourrait favoriser le désengorgement de la côte et rééquilibrer l'occupation de l'espace au plan national. A. G.